« En 2008, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, plus de la moitié de la population de notre planète vivra en milieu urbain. D’ici 2030, le nombre de citadins devrait avoisiner les 5 milliards, soit 60 % de la population mondiale », affirme le dernier rapport de l’agence des Nations Unies pour la population, publié aujourd’hui.
United Nations (New York) – 27 Juin 2007
« La croissance démographique future aura lieu entièrement dans les villes du monde, grandes et petites, et, pour sa quasi-totalité, dans les villes des pays en développement d’aujourd’hui », a souligné la directrice du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), Thoraya Obaid, lors de sa présentation du 30ème Etat de la population mondiale, consacré cette année à l’urbanisation, intitulé « Libérer le potentiel de la croissance urbaine ».
Le rapport contient aussi un Supplément Jeunesse du rapport, Grandir en milieu urbain, « qui contient d’incroyables récits de jeunes des villes du monde entier et qui présente les défis de l’urbanisation perçus du point des jeunes », a-t-elle fait observer.
« En 2008, le monde parviendra à un point d’inflexion d’une importance majeure, quelle que soit sa visibilité immédiate : pour la première fois de son histoire, plus de la moitié de la population du globe, soit 3,3 milliards d’habitants, vivra en milieu urbain. D’ici 2030, ce chiffre devrait avoisiner les 5 milliards. D’ici 2030, les villes du monde en développement, grandes et petites, abriteront 81 % de la population urbaine de la planète, souligne le rapport.
« Beaucoup de ces villes font déjà face à des problèmes pressants : pauvreté, manque d’eau potable et d’assainissement et expansion non planifiée des zones de taudis. Mais ces problèmes sont minimes au regard de ceux que pourrait susciter la croissance à venir », a souligné Thoraya Obaid.
L’UNFPA précise que le rapport de cette année se concentre sur l’Afrique et l’Asie.
« En effet, en l’espace d’une seule génération, la population urbaine de ces deux continents est appelée à doubler. De 2000 à 2030, la population urbaine de l’Asie sera passée de 1,4 milliard d’habitants à 2,6 milliards, celle de l’Afrique de près de 300 millions à 740 millions, et celle de l’Amérique latine et des Caraïbes de près 400 millions à plus de 600 millions. »
« Une telle croissance urbaine est, par sa vitesse ainsi que par ses dimensions, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Et cependant, le public ne semble pas avoir saisi l’importance de son impact », a insisté Thoraya Obaid, qui a souligné que très peu de mesures ont été prises pour profiter de cette croissance ou réduire son impact négatif.
« La plupart des villes s’efforcent à grand mal de répondre aux besoins actuels et sont très peu préparées à faire face aux impacts de la croissance d’une immense envergure qui s’annonce », a-t-elle souligné.
L’État de la population mondiale de cette année lance un appel à l’action. L’immense expansion urbaine qui attend les pays en développement aura des répercussions sur le monde entier et elle exige une riposte mondiale.
L’urbanisation est inévitable : le phénomène est en marche et nous devons, ensemble, veiller à l’orienter sur la bonne voie. Elle peut en effet être une force positive et elle doit l’être. On notera qu’aucun pays, à l’ère industrielle, n’est jamais parvenu à une croissance économique significative sans urbanisation.
Les villes concentrent la pauvreté mais elles représentent également le meilleur espoir que puissent avoir les pauvres d’y échapper. Les villes créent des problèmes environnementaux, mais elles peuvent également y apporter des solutions.
En premier lieu, nous savons que les pauvres occuperont une place importante dans la croissance urbaine future, et il faut donc impérativement qu’ils occupent une place dans la solution. Une planification réaliste exige la prise en considération des besoins, des droits et de la participation des habitants des taudis et des pauvres urbains.
La population des taudis s’élève actuellement à un milliard de personnes, dont 90 % vivent dans les pays en développement. C’est donc dans les taudis du monde que se livrera la bataille visant à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier celui de la réduction de moitié de l’extrême pauvreté d’ici 2015.
L’une des grandes questions à prendre en considération est celle du logement : « la mise à disposition de parcelles minimalement viabilisées pour les pauvres contribue à répondre aux besoins présents et à venir. Assurés de leur droit de propriété, avec des rues, alimentés en eau et en électricité, avec des systèmes d’assainissement et d’enlèvement des ordures, les pauvres se chargent de construire leurs logements. Une adresse fixe constitue pour eux la première étape de la libération de la pauvreté ».
Par ailleurs, il convient de concentrer l’action sur les lieux où la croissance est la plus forte.
Or, l’attention s’est portée jusqu’ici en grande partie sur les mégalopoles, mais la croissance se produira principalement dans les agglomérations de 500 000 habitants ou moins. Il faut donc corriger le tir et apporter des appuis, sous forme de ressources, d’information et de capacités techniques, adaptés aux villes de cette catégorie.
L’État de la population mondiale s’inscrit aussi en faux contre un mythe commun.
« Contrairement à l’idée reçue, la croissance urbaine n’est pas due principalement à la migration mais à l’augmentation naturelle de la population ».
À quelques exceptions près, en Chine et au Viet Nam par exemple, la plupart des villes grandissent de l’intérieur. En conséquence, les décideurs devraient s’employer non plus à essayer d’endiguer la migration mais à fournir les services sociaux aux populations urbaines et à investir en leur faveur, notamment en faveur des femmes, ainsi qu’en faveur des jeunes.
Les investissements dans l’éducation et la santé, en particulier la santé reproductive et la planification familiale volontaire, et l’autonomisation des femmes sont les meilleurs moyens de faire face à la croissance démographique urbaine, affirme l’UNFPA.