Le nouveau président de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique a de grandes ambitions pour le continent. Arrêter la fuite des champions et améliorer la formation des jeunes athlètes sont quelques unes des priorités du général Palenfo, à la tête d’une institution sportive méconnue. Pour se faire, il réunit le monde de l’olympisme du 21 au 25 novembre, à Tunis, pour faire le bilan de santé du sport continental.
Comment arrêter la fuite des meilleurs athlètes africains vers les pays riches, détecter les graines de stars et améliorer la qualité de leur formation sur le continent ? Le nouveau président de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa), Lassana Palenfo, a convoqué un « Forum sur le sport et l’olympisme », du 21 au 25 novembre, à Tunis, pour faire un bilan de santé du sport africain et trouver les remèdes à ses maux. L’ambition est de taille, surtout pour un organisme qui a peu fait parlé de lui depuis sa naissance, hormis pour des affaires de détournements de fonds.
Mais le général Palenfo, qui « reste un militaire » et souhaite qu’on l’appel par son grade, assure détenir les clés pour réussir. Et son expérience parle pour lui. Depuis son emprisonnement à huit mois en 2000 pour « complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat », lors de l’attaque de la résidence du général Robert Gueï, l’ex ministre ivoirien de la Sécurité s’est consacré à ses fonctions administratives dans les instances sportives internationales. Membre du CIO, président du Comité national olympique (CNO) ivoirien, président de l’Union africaine de judo et vice-président de la Fédération Internationale de Judo (IJF), il a rendu visite à Afrik avant de se rendre à Tunis.
Afrik : Quel est votre principal projet pour le continent ?
Général Palenfo : Nous souhaitons organiser des Jeux par zone – il en existe sept, une en Afrique du Nord, deux zones en Afrique de l’Ouest, une en Afrique centrale, une en Afrique de l’est et une en Afrique australe, Madagascar avec Maurice et Djibouti, ndlr – dès 2006. Cette compétition se déroulera tous les ans pendant une semaine, sauf l’année olympique, et sera exclusivement destinée aux athlètes de moins de vingt ans. Parmi les épreuves devront figurer l’athlétisme, ainsi que cinq à six sports individuels et collectifs. Cette semaine ne sera pas uniquement consacrée à la compétition sportive mais également à la formation de techniciens, de manageurs ou encore de cadres administratifs. Cela pourrait par exemple se représenter comme suit : un jour de conférence, deux de compétition et deux de stage. L’Acnoa assurera 60% des dépenses de transports des délégations alors que 80% des frais de séjour devront être pris en charge par les pays d’accueil.
Afrik : Comment prévoyez-vous ensuite de suivre les graines de stars détectées ?
Général Palenfo : Nous allons essayé de soutenir financièrement la création de centres régionaux pour accueillir les meilleurs spécialistes révélés lors des Jeux de l’Acnoa. Les recettes des Comités olympiques nationaux sont essentiellement constituées des fonds recueillis lors des Jeux Olypiques puis reversés par le Comité olympique international (CIO), ainsi que de l’aide des gouvernements. Mais en Afrique, ceux-ci ont d’autres priorités que le sport. Il existe tout de même quelques exemples de réussite, avec le centre de Dakar ou celui de Maurice, où s’entraîne l’heptatlonienne ghanéenne Margaret Simpson, troisième aux Mondiaux d’Helsinki.
Afrik : Cela signifie-t-il que vous allez ralentir la coopération avec les pays riches ?
Général Palenfo : Non. Nous poursuivrons la coopération, comme avec le centre de l’Insep (Institut national du sport et de l’éducation physique), à Paris, ou celui d’Atlanta, aux Etats-Unis.
Afrik : Vous envisagez également de prendre des initiatives pour arrêter la fuite des athlètes…
Général Palenfo : Il faut réfléchir à des solutions pour retenir les talents. Il peut s’agir d’employer comme vigiles des sportifs qui pratiquent un sport de combat, d’affecter les nageurs à la surveillance des plages… Quand nous envoyons des athlètes en stage à l’étranger, les pays proposent aux meilleurs d’acquérir la nationalité. J’ai moi même perdu un nombre important d’athlètes, notamment au Canada lors des Jeux de la Francophonie au Canada. Si les sportifs arrivent à gagner dans leurs pays ne serait-ce que le tiers de ce qu’on leur propose à l’étranger, ils resteront dans leur milieu affectif. Beaucoup sont ainsi partis et rapidement revenus.
Afrik : L’Acnoa est une institution peu connue, autrement que pour des histoires de détournements…
Général Palenfo : Des audits sont effectués chaque année auprès des CNO pour éviter les détournements. En ce qui concerne ses réalisations, l’Acnoa dispose de quelques réussites à son actif, telles que les Jeux africains, qui se déroulent tous les quatre ans, les compétitions interdisciplinaires entre les saisons, ainsi que les Jeux Afrique-Asie. Ces compétitions servent à détecter les jeunes talents mais elles ne sont plus suffisantes. C’est pourquoi nous avons imaginé les Jeux de l’Acnoa.