Emmanuel Macron tance vertement Paul Biya et suscite la polémique au Cameroun


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Les Présidents français et camerounais, Emmanuel Macron et Paul Biya
Les Présidents français et camerounais, Emmanuel Macron et Paul Biya

L’actualité camerounaise a été agitée ce weekend par des propos du Président français, Emmanuel Macron, qui a promis à un activiste camerounais de « mettre la pression » sur le Président Paul Biya pour faire cesser « les violences intolérables » perpétrées dans les deux régions anglophones du Cameroun. Ces déclarations du Président français ont suscité au Cameroun des réactions de toutes sortes, suivant la position des personnes qui réagissent. Mais le Gouvernement du Cameroun entend rester maitre de ses choix et que la Françafrique est terminée.

Samedi 22 février 2020, en plein salon de l’agriculture, le Président Emmanuel Macron a été interpellé par un activiste camerounais qui l’invitait à intervenir par rapport aux violences de l’armée camerounaises dans les régions anglophones du pays. La réponse du Président français ne s’est pas fait attendre : « Vous savez mon engagement sur ce sujet ; j’ai mis la pression sur Paul Biya pour que d’abord il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. J’avais dit, je ne veux pas qu’on se voit à Lyon tant que Kamto n’est pas libéré, et il a été libéré parce qu’on a mis la pression. Là, la situation est en train de se redégrader. Je vais appeler la semaine prochaine le Président Biya et on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur les violences qui se passent au Cameroun et qui sont intolérables ; je fais le maximum », a-t-il déclaré.

Une telle déclaration n’a pas manqué de susciter des réactions du côté de l’exécutif camerounais qui, au lendemain des propos d’Emmanuel Macron a déclaré, entre autres, que le Cameroun « entend rester maître de son destin ». Il invite par ailleurs les « pays amis » à « point accorder de crédit à des activistes, au risque d’être piégés et de faire preuve d’une candeur voire d’une inimitié susceptibles de porter préjudice aux bonnes relations » avec le Cameroun.

M. Macron, le Cameroun n’est pas un Dom-Tom

Ce lundi, ce sont des jeunes camerounais dont le nombre est estimé entre 400 et 600 qui sont descendus dans la rue pour manifester leur désaveu des propos d’Emmanuel Macron. C’est la devanture de l’ambassade de France à Yaoundé qui a servi de cadre à leur manifestation pacifique. Les manifestants étaient munis de drapeaux camerounais et de pancartes affichant des messages hostiles au Président français : « M. Macron, le Cameroun n’est pas un Dom-Tom » ; « M. Macron mêle-toi de tes oignons ».

« Nous sommes ici pour riposter aux propos de Macron parce qu’il a manqué de respect à notre patriarche (Paul Biya) », a déclaré Souley Aboubakar, président d’une des associations des jeunes partisans de M. Biya, à l’origine de ce mouvement. « Nous ne sommes pas une province de la France. Le Cameroun est un État souverain, indépendant depuis 1960 », a-t-il ajouté avant d’inviter Emmanuel Macron à présenter des excuses aux Camerounais.

Du côté des militants comme Nathalie Yamb, les critiques les plus acerbes ont visé plutôt les dirigeants camerounais. « Après, on va nous demander de respecter les présidents africains ! Suite à cette fanfaronnade de Macron, si Biya était autre chose qu’un laquais, l’ambassadeur de France au Cameroun aurait déjà été convoqué et l’ambassadeur du Cameroun en France rappelé. Mais non… », a tweeté la militante, hier dimanche 23 février.

Ce lundi, après le mouvement de la jeunesse, la militante est encore montée au créneau pour dénoncer une instrumentalisation de cette jeunesse par des dirigeants en manque de courage. « Affligeant d’instrumentaliser des jeunes pour masquer le manque de courage des dirigeants. Que le ministre des affaires étrangères convoque l’ambassadeur de France pour exiger des explications. On a tous lu le tweet pitoyable de @OwonaGregoire dégoulinant d’aplatventrisme ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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