Les ministres de l’Intérieur du Sénégal et de l’Espagne ont signé, vendredi, à Dakar, une déclaration prolongeant pour un an Frontex. Ils ont expliqué ce nouvel accord, qui comporte un volet aide au développement, par le succès du dispositif européen de lutte contre l’émigration clandestine : il aurait permis de diviser par dix les départs pour les îles Canaries.
Le Sénégal et l’Espagne vont de nouveau collaborer contre l’émigration clandestine. Les pays africain et européen ont signé, vendredi, à Dakar, une déclaration commune renouvelant pour un an le dispositif européen Frontex. Créé en septembre 2006 pour surveiller les côtes ouest-africaines et les routes de départ illégal vers l’Europe, Frontex sera reconduit à partir du 1er juillet pour réduire l’émigration clandestine.
« Lutter contre les mafias »
« Nous avons pratiquement divisé par dix les flux. En 2007, seules 101 embarcations sont arrivées sur les côtes espagnoles avec quelque 4 000 personnes à bord venant de plusieurs pays d’Afrique », a expliqué Ousmane Ngom, le ministre sénégalais de l’Intérieur, qui a paraphé la déclaration avec son homologue espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba. En 2006, le responsable africain a précisé que les candidats clandestins à l’exil étaient 35 000 et les embarcations 4 000.
L’objectif de Frontex est de « définitivement juguler le phénomène » de l’émigration clandestine, a souligné Ousmane Ngom. « Nous allons lutter d’une manière implacable contre les mafias », a ajouté Alfredo Perez Rubalcaba. Possible, si l’on en croit la déclaration. Elle indique que « les opérations de surveillance constituent une forme très efficace de dissuasion » et ont participé à « confiner de plus en plus les activités des passeurs en basse Casamance ».
Ecoles-ateliers et contrats de travail
Pour preuve, le texte rappelle que c’est dans cette région de l’extrême Sud du Sénégal que 98 clandestins et deux passeurs ont été arrêtés le 18 juin et que, huit jours plus tôt, 40 candidats à l’émigration illégale et trois trafiquants ont connu le même sort. Afin de poursuivre sa mission, expirée le 19 juin, Frontex bénéficiera des mêmes moyens logistiques et financiers : deux vedettes, un avion et un hélicoptère espagnols et un avion italien.
La déclaration prévoit aussi un volet de co-développement. L’Espagne accordera au Sénégal des crédits destinés à financer Retour vers l’agriculture (Reva), un projet controversé destiné à garder les jeunes au pays en leur proposant de travailler la terre. La grande nouveauté sera la création d’écoles-ateliers. Ce système doit permettre de fournir aux Sénégalais une formation professionnelle adaptée aux besoins du marché du travail espagnol.
Il faut dire que l’Espagne et le Sénégal ont un accord qui a déjà permis à 450 Sénégalais de travailler légalement dans le pays européen. Cent d’entre eux sont déjà partis, et 300 autres devraient les y rejoindre cette semaine. « Notre ambition, c’est que d’ici 2008, 4 000 Sénégalais puissent partir légalement en Espagne », a commenté le ministre espagnol du travail, Jésus Calderas. Il n’est par ailleurs pas exclu que des Espagnols travaillent au Sénégal, dans le cadre de délocalisations.