Le président camerounais Paul Biya s’est adressé aux Camerounais mercredi soir sur les antennes de la télévision et de la radio nationales. Son régime serait victime d’une « instrumentalisation » de la grève des transporteurs visant à le renverser. Son message ne semble pas avoir apaisé la rue, où les manifestations se sont poursuivies la nuit dernière. Mais le calme paraît être revenu ce jeudi matin.
Les rues camerounaises connaissent, ce jeudi matin, une légère accalmie après les manifestions de ces derniers jours. A Yaoundé, la capitale politique du Cameroun, l’armée a été déployée dans les principaux carrefours de la ville et les stations-service après les manifestations de cette nuit, rapporte l’AFP. Dans la capitale économique, Douala, la plupart des commerces sont restés fermés. En dépit de la fin de la grève des transporteurs, qui ont obtenu une relative baisse du prix du carburant, principale revendication d’un mouvement qui a démarré lundi, de violentes manifestations se sont poursuivies dans tout les pays. Cette vague de protestation aurait déjà fait au moins 17 morts. Les Camerounais, notamment les jeunes qui sont descendus en masse dans les rues, s’insurgent contre la cherté de la vie et le projet de révision constitutionnelle qui permettra à Paul Biya de briguer un nouveau mandat en 2011.
Le souvenir macabre des « années de braise »
Dans une adresse relayée par les ondes de la télévision et de la radio nationales, le président camerounais a dénoncé « l’instrumentalisation, qui a été faite de la grève des transporteurs, à des fins politiques ». L’objectif visé par ses détracteurs qu’il a qualifiés « d’apprentis sorciers » : « obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pu obtenir par la voie des urnes ». Ils leur a reprochés également de ne pas s’être préoccupés « du risque qu’ils faisaient courir (aux jeunes) en les exposant à des affrontements avec les forces de l’ordre ». « Plusieurs d’entre eux ont de ce fait perdu la vie, a-t-il poursuivi, ce qu’on ne peut évidemment que regretter ». Le président camerounais a assuré que « tous les moyens légaux dont dispose le gouvernement seront mis en œuvre pour que force reste à la loi ». D’après les témoignages recueillis par l’AFP, des étudiants auraient été blessés et leurs chambres « saccagées » par les forces de l’ordre après l’intervention du chef de l’Etat.
Les manifestations qui endeuillent le Cameroun rappellent celles que le pays a connu au début des années 90. « La situation commence ainsi à prendre des proportions inquiétantes, de nature à rappeler les fameuses années de braise, et notamment celle des « villes mortes » ou l’on avait, (…), enregistré entre deux cent et quatre cent morts », rappelle le célèbre journaliste camerounais Pius Njawe sur le site du quotidien Le Messager. Les appels au calme, dont celui de l’Eglise catholique, se sont multipliés ces derniers jours afin d’éviter que les Camerounais ne renouent avec les démons du passé.
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