Tout vient à point à qui sait attendre. Un an après la sortie de son dernier opus, « Kelmti Horra », la chanteuse tunisienne Emel Mathlouthi débarque enfin dans les salles parisiennes. Dans le cadre d’une tournée en France et ailleurs, elle donnera, lundi 28 janvier, un live à la Cigale. Rencontre avec une figure de scène en plein essor.
Porter par sa voix transcendante, Emel Mathlouthi nous propulse à bord d’un mystérieux nuage musical. Une voix lyrique associée à des influences électro-classiques et aux percussions orientales. Ce petit bout de femme frappe fort. Là où l’on s’y attend le moins. Une voix inattendue. Une jouissance auditive. Une soprano aux tons Graves et aigus et aux inflexions harmonieuses.
Le dernier album de la chanteuse tunisienne, Kelmti Horra (ma parole est libre), sortie en janvier 2012, est avant tout un combat. Notamment celui d’une femme qui se rebella aux côtés de milliers de Tunisiens contre la soumission dictatoriale. La révolution bat son plein, une foule innombrable est rassemblée sur la célèbre avenue Bourguiba, à Tunis. Soudain, un Jasmin surgit. Emel chante à la gloire du peuple. Des paroles libres. Elles racontent la révolution, la politique, mais surtout la liberté. Le tout, « sans être dans la poésie lourde », tempère la révolutionnaire pour qui la musique est sa manière à elle de s’opposer à un ordre préétabli. Même si la jeune artiste vit en France depuis cinq ans, pour rien au monde elle n’aurait raté la lutte aux côtés des siens.
Kelmti Horra, c’est six ans de travail. L’histoire de gens libres et qui n’ont peur de rien. L’histoire de gens libres dont les paroles le sont aussi. Des « étoiles dans l’obscurité », une épine dans les gorges des oppresseurs. « Un vent par le feu attisé ». Kelmti Horra, c’est la voix de ceux qui ne meurent pas.
De l’inédit dans l’air
Chanteuse engagée, Emel Mathlouthi dit avoir eu beaucoup de mal avant de pouvoir chanter dans sa langue natale. « Je fuyais la langue et la culture arabe dans la musique », dit-elle. Il aura fallu une rencontre électrique entre elle et Cheikh Imam ou encore Marcel Khalifa, deux chefs d’œuvres de la musique arabe, afin qu’elle renoue avec ses origines. « En les écoutant, j’ai trouvé un plaisir immense à chanter en arabe », raconte cette artiste aux multiples facettes. Depuis qu’elle a commencé à chanter, à 15 ans, Emel chavire de style en style. Du Rock au métal, en passant par le classique jusqu’à l’électro, elle revendique une « vision large » de la musique.
Cette nouvelle sphère musicale était encore inconnue en Tunisie avant qu’Emel ne se mette à y chanter librement. « C’est tout nouveau pour eux. La jeunesse tunisienne surtout a été très réceptive à ma musique », assure-t-elle. La jeune artiste a chanté un peu partout dans le monde : en Allemagne, en Angleterre, au Canada, en Turquie, au Viêt-Nam et aussi en Irak. Bagdad a eu droit à son tout premier concert depuis 2003. « Il y a de la vie à Bagdad. Je me suis bien amusée sur scène et beaucoup de monde, surtout des étudiants et des professeurs, étaient venus me voir », raconte Emel.
En compagnie de son groupe, composé de quatre musiciens, Emel Mathlouthi entend poursuivre sa lutte « à l’Est comme à l’Ouest ». Une lutte qui passera également par celui de faire élever au rang qui lui convient le domaine culturel en Tunisie. Le pays du Jasmin a subit un vrai bouleversement médiatique, mais la culture est malheureusement restée sur le bas-côté. « Le gouvernement ne se soucie pas de nous. Il ne donne aucune importance à la culture », regrette-t-elle…
Site Internet d’Emel Mathlouthi : emelmathlouthi.com/home.html
Commander une place pour son concert à la Cigale : infoconcert.com/artiste/emel-mathlouthi