Ellen Johnson Sirleaf est devenue, vendredi, Présidente de la République du Liberia. Elle est la première femme à accéder à la magistrature suprême en Afrique. Créditée de 59,4 % des suffrages, elle l’emporte devant George Weah qui conteste l’élection. L’ancien footballeur appelle cependant ses partisans au calme.
La Libérienne Ellen Johnson Sirleaf est entrée vendredi dans l’histoire en devant la première femme chef d’Etat en Afrique. Le Présidente a récolté 59,4% des voix, contre 40,6% pour son adversaire, l’ancien footballeur George Weah du Congrès pour le Changement Démocratique (CCD). Alors que les résultats de 97% des 3 070 bureaux de votes ont été récoltés, le Ballon d’or 1995, a porté plainte pour fraudes présumées auprès de la Commission nationale électorale (Nec).
Avec un taux de participation de 59,3%, le second tour de ces élections générales (parlementaires et présidentielles) a mobilisé moins de monde qu’au premier tour (75%). Le scrutin de mardi marque la fin d’une période de transition de deux ans après l’accord de paix d’août 2003, qui mettait un terme à 14 ans de guerre civile. Conscient que le spectre de la guerre plane toujours sur le pays, George Weah a appelé ses partisans, qui commençaient à investir la rue, à garder le calme. « Les rues de Monrovia ne doivent pas appartenir aux personnes violentes. Au nom de la paix, ne sortez pas dans la rue. (…) Les gens ont peur. Ils ne veulent plus de la guerre. Vous pouvez me croire, je resterai à vos côtés », leur a-t-il expliqué.
Surnommée « La Dame de fer »
La candidate du Parti de l’unité a, quant à elle, refusé de se proclamer vainqueur dans la nuit de jeudi à vendredi après la sortie des premiers résultats. Malgré les troubles naissants, Ellen Johnson Sirleaf reste pourtant sereine. « Une fois qu’ils auront dépassé cela et qu’ils réaliseront que je serai un leader pour tous les Libériens, ils se calmeront et nous travaillerons ensemble pour le bien du pays », a-t-elle déclaré à la chaîne BBC. Elle a proposé, vendredi, à George Weah de venir la rejoindre dans le prochain gouvernement d’union nationale, où elle lui offrira « un poste important ».
Ellen Johnson Sirleaf, 67 ans, veuve et mère de 4 enfants, est issue de l’élite Américano-Libérienne, esclaves affranchis qui ont construit le pays en 1847 pour en faire la première République du continent. Economiste de formation, diplômée de Harvard (Etats-Unis), celle que l’on surnomme « La Dame de fer » a travaillé pour les Nations Unies et la Banque mondiale. Figure politique emblématique du Liberia, elle été ministre des Finances sous la présidence de William Tolbert, destitué en 1980 par le sergent Samuel Do. Elle devra quitter le pays pour échapper à la purge post coup d’Etat. Sa réputation et son parcours sont entachés par son soutien au chef de guerre Charles Taylor dans la rébellion contre Do. Un écart pour lequel elle dit nourrir un « sentiment de culpabilité ».
Candidate à la présidence contre le même Charles Taylor en 1997, durant une brève période d’accalmie dans la guerre civile, elle ne récoltera que 25% des suffrages. Contraint à démissionner en 2003 (août) sous la pression rebelle, Charles Taylor quitte le pouvoir et tourne les pages les plus sanglantes de l’histoire du pays. Rompue à de hautes fonctions, Ellen Johnson Sirleaf était sans doute le choix le plus rationnel pour la magistrature suprême. George Weah, icône du football international, s’inscrivait plus comme un candidat de cœur. Et s’il acceptait demain d’entrer au gouvernement, son geste constituerait un geste fort pour la paix et l’unité du pays.