La présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, rattrapée par son passé politique. Dans son rapport final, publié lundi, la Commission Vérité et Réconciliation, recommande qu’elle soit écartée de toute fonction officielle pendant 30 ans. Selon l’organe, elle a joué un rôle dans la guerre civile qu’a traversé son pays entre 1989 et 2003.
La présidente Ellen Johnson Sirleaf pourrait être en difficulté si les recommandations de la Commission Vérité et Réconciliation sont votées par l’Assemblée nationale libérienne, dominée par l’opposition. Dans le rapport final rendu lundi, la commission a établi une liste de personnalités, qui, selon elle, « doivent être interdites d’occuper des fonctions officielles pour une période de trente ans, à compter du jour où le rapport sera approuvé par le Parlement » pour leur implication dans les guerres civiles qu’a connues le Liberia entre 1989 et 2003. La période sur laquelle porte les investigations de la Commission.
Le chef de l’Etat libérien est cité au nombre « des financiers et des leaders politiques » des différentes factions qui ont pris part au conflit armé. Entendue par la Commission en février dernier, Ellen Johnson Sirleaf avait avoué qu’elle avait rencontré à maintes reprises Charles Taylor (président du Liberia de 1997 à 2003) durant la guerre civile. De même, elle a reconnu qu’elle avait collecté des fonds pour le chef de guerre quand il préparait un coup d’Etat contre le président Samuel Doe au début des années 80. Ellen Johnson Sirleaf a exprimé ses vifs regrets devant la Commission pour son soutien à Charles Taylor.
La Commission Vérité et Réconciliation ébranle la présidence libérienne
Outre la présidente, plusieurs membres de son gouvernement ont été épinglés par la Commission Vérité et Réconciliation installée en 2006. Huit chefs de guerre sont également dans son collimateur. Elle préconise leur inculpation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et la mise en place d’un tribunal spécial pour le Liberia où ils seront jugés. Parmi eux, Charles Taylor. Il fait déjà l’objet d’une procédure judiciaire pour sa participation au conflit armé (1991-2001) dans l’Etat voisin de la Sierra Leone. Il été arrêté le 29 mars 2006, puis transféré à La Hague pour être jugé devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Il est accusé d’avoir soutenu le Revolutionary United Front (RUF) de Foday Sankoh, impliqué dans la guerre civile.
Ellen Johnson Sirleaf n’a pas encore réagi aux recommandations de la Commission. Son porte-parole Cyrus Badio a indiqué à la BBC que la présidente prenait le temps de prendre connaissance de l’intégralité du document. Première femme africaine élue présidente en 2005, le pouvoir d’Ellen Johnson Sirleaf vient de recevoir un coup de massue.
Lire aussi :
Liberia : une Commission vérité et réconciliation pour tourner la page