Le Sénégal importe chaque année plus de 300 000 moutons du Mali ou de la Mauritanie. Les besoins de ce pays en mouton pour la fête de tabaski s’élèveraient à environ 742 000 moutons dont 253 000 pour l’unique ville de Dakar. Une situation qui pousse beaucoup de jeunes à entreprendre dans le secteur de l’élevage de petits ruminants, dans la capitale sénégalaise, où la demande est très forte lors de l’Aïd el-Kebir, la plus importante fête musulmane.
Pour ses besoins en viandes, le Sénégal s’approvisionne généralement chez les pays voisins, comme le Mali et la Mauritanie, même si l’élevage commence à prendre aujourd’hui une certaine ampleur dans le pays, avec les moutons de race comme le Ladoum. Des béliers qui peuvent peser parfois jusqu’à 175 kilogrammes et debout sur 115 centimètres, mais sont vendus à prix d’or. Cette race de mouton peut être vendue souvent jusqu’à 30 millions FCFA l’unité. Une véritable folie pour certains. Toutes choses qui font que beaucoup se lancent dans l’élevage à Dakar. Actuellement, l’élevage urbain fournit plus de 20% des moutons nécessaires pour la tabaski à Dakar.
Plusieurs mois avant la fête de l’Aïd el-Kebir, la plus importante des fêtes musulmanes où il est recommandé à chaque fidèle ayant les moyens d’immoler un mouton, afin d’honorer le sacrifice du prophète Ibrahim, beaucoup s’adonnent à l’élevage de petits ruminants. Faute d’enclos, certains n’hésitent pas à élever ces bêtes sur la terrasse de leur maison. Plusieurs mois avant la tabaski, les petits ruminants se vendent dans presque tous les coins de la ville. « Nous amenons ces agneaux de Dahra Djolof, une ville du Nord-Ouest du Sénégal. Il faut reconnaître que le transport coûte cher. Pour 100 moutons, nous déboursons plus de 250 000 FCFA. Cela sans compter l’alimentation des bêtes. Nous achetons également de l’eau pour les abreuver et les laver régulièrement. Nous sommes dans le secteur depuis plusieurs années », a confié Amadou Diallo.
Malgré quelques difficultés liées à l’acheminement sur Dakar et à l’alimentation des animaux, il reconnaît qu’ils parviennent tout de même à en tirer profit. Ce qui leur permet d’ailleurs de continuer à travailler dans le secteur. « Honnêtement, nous nous retrouvons avec des bénéfices après chaque opération. Actuellement, c’est la période des petits ruminants, car chacun veut élever son mouton à domicile, pour espérer avoir de la bonne chair et éviter également de débourser trop d’argent lors de la fête de tabaski. Les prix des moutons sont excessifs à l’approche de cette fête, à Dakar », a-t-il fait savoir, en touchant le dos d’un de ses petits ruminants.
Un de ses clients du nom d’El hadj Ndiaye, qui était venu voir les moutons qui viennent d’arriver, a confirmé le vendeur. « Depuis plusieurs années, je viens durant cette période acheter quatre à cinq petites bêtes pour mon élevage. La prochaine fête de tabaski devrait tomber logiquement au mois de juillet comme l’année dernière, donc si j’élève mes animaux, j’en garde un pour la maison et je revends le reste. À la maison, il y a souvent les restants de repas, du riz ou du pain, cela m’aide à réduire les frais de nourriture. Je leur donne aussi des vitamines pour qu’ils grandissent rapidement. L’année dernière par exemple, j’en avais acheté quatre à 50 000 FCFA l’unité. A l’approche de la tabaski, j’ai vendu les trois à presque 200 000 FCFA l’unité, car ils étaient devenus très dodus », a confié El Hadj Ndiaye, qui en fait désormais son petit business. A côté, dit-il, il a aussi ses fidèles clients.