Les élections présidentielles en Tunisie auront lieu le 24 octobre prochain. Le Président sortant Zine El Abidine Ben Ali se présente pour la quatrième fois pour un siège qu’il n’a jamais quitté. Face à lui trois candidats concourent sans trop de conviction pour un scrutin gagné d’avance.
Par Sonia El Amri
Les élections présidentielles tunisiennes auront lieu le 24 octobre prochain. A 68 ans, le président sortant Zine El Abidine Ben Ali est bien entendu en lice, comme on pouvait s’y attendre suite au référendum portant sur l’amendement constitutionnel tenu en 2002. Cet amendement rend dorénavant possible un quatrième mandat (limités à trois auparavant) et n’exclut donc pas une réélection du chef de l’Etat sortant. Ben Ali président à vie ?
Depuis son indépendance en 1956, la Tunisie n’aura connu que deux Présidents de la République : l’avocat Bourguiba qui a effectué quatre mandats, de 1959 à 1974, à la tête du pays et l’actuel Président Ben Ali, qui « règne » depuis maintenant quinze ans. La question que ce dernier peut se poser aujourd’hui est si il atteindra enfin les 100% de voix au prochain scrutin. En effet, depuis sa première élection, il n’a cessé de friser la perfection avec 99,27% en 1989, 99,9% en 1994 et 99,44% en 1999. Avec ces précédents résultats, difficile de se faire des illusions quant à l’issue du prochain verdict des urnes. D’ailleurs, le Mouvement des démocrates socialistes (qui disposent de 13 sièges au Parlement) et l’Union démocratique unioniste (7 sièges) ne présentent aucun candidat et ont décidé de soutenir le Président sortant.
Trois timides challengers
Face à Ben Ali, trois candidats se présentent malgré tout. Deux d’entre eux, tout à fait lucides, espèrent juste faire évoluer le processus démocratique que représente ce scrutin : Mohamed Bouchicha du Parti de l’Unité populaire (7 sièges au Parlement) et Mounir Béji du Parti social libéral (2 sièges). Seul Mohamed Ali Halouani d’Ettadjid (ex-parti communiste, 5 sièges) se lance dans la compétition en affirmant qu’il s’opposera ouvertement et sans ambiguïté à Ben Ali.
La condition requise pour se présenter aux élections présidentielles est d’être issu de formations représentées au Parlement ou, pour les indépendants, d’être parrainés par 30 députés ou 30 présidents de commune. Mission quasi impossible puisque sur les 182 sièges au Parlement, le parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique, en occupe 148.
Malgré une « présence » de l’opposition, un appel à boycotter le scrutin est lancé par les équipes du Réveil tunisien et de Nawaat. Ces journalistes, sans doute en exil, s’associent pour publier un numéro spécial avec pour thème : « Non à Ben Ali…Boycottons ensemble ». Toujours est-il que le vote du 24 octobre prochain ne fait, d’ores et déjà, aucun mystère sur son issue. Et la population est sûrement plus préoccupée par le Ramadan et aux dépenses liées à ce mois de jeûne qu’à cette formalité administrative dont ils s’acquitteront sans joie.