Les résultats officiels ne sont pas encore disponibles, mais selon les premières estimations, le parti au pouvoir a subi une lourde défaite lors de ces élections locales. A l’instar du Premier ministre Aminata Touré qui a perdu la battaille de Dakar à Grand-Yoff face au socialiste et maire sortant Khalifa Sall, réélu pour un second mandat.
A Dakar,
Ces élections locales ont un goût bien amer pour Macky Sall, qui ne cache pas sa rogne ! La majorité des candidats du parti présidentiel, l’Alliance pour la République (APR), ou encore de la coalition gouvernementale Benno Bokk Yakaar ont subi une lourde défaite. A l’image du Premier ministre Aminata Touré, qui s’est inclinée à la commune clée de Grand-Yoff, face au maire sortant de Dakar Khalifa Sall, du parti socialiste, de nouveau réélu. Elle a reconnu sa défaite dans son propre bureau de vote, lors d’une conférence de presse, dimanche : « On va reconquérir d’autres victoires, saluant le déroulement du vote pacifique. Seul un cavalier peut tomber de son cheval et quand il tombe, il se relève ».
Défaites à Saint-Louis, Touba, Thies, Ziguinchor
Malgré des moyens financiers colossaux injectés par le pourvoir dans cette campagne locale, il n’a pas non plus réussi à décrocher la mairie de Thiès qui reste aux mains d’Idrissa Seck, qui avait promis que la deuxième ville du Sénégal était sa chasse gardée. Le Président Macky Sall s’y était pourtant rendu un peu avant le début de la campagne des élections. Sans succès visiblement. A Podor, la socialiste Aïssata Tall Sall a réussi à préserver son fauteuil. Aux Parcelles Assainies, Seydou Guèye chute face au candidat de la liste Taxawu Dakar. De même à Saint-Louis, le maire sortant Cheikh Bamba Dièye, ministre de la Communication et de l’Economie numérique a été doublé par le candidat du parti de l’ancien Président Abdoulaye Wade, (le parti Démocratique sénégalais (PDS). Il a d’ailleurs démissionné de ses fonctions, s’adressant, ce mardi, au chef d’Etat, dans une allocution très sévère, où il affirme être déçu de la politique actuelle du pays. Et qu’il constate qu’il n’y a pas de rupture avec le régime d’Abdoulaye Wade comme Macky Sall l’avait annoncé lors de son accession à la tête du pays.
« Les têtes coupées par Macky Sall »
Ce mardi matin, la presse sénégalaise a largement commenté les résultats des élections locales. Désormais, tous les observateurs sont unanimes pour annoncer un important remaniement ministériel. La démission du ministre de la Communication et de l’Economie numérique, Cheikh Bamba Dièye, a été évoquée, de même que celle de Moustapha Cissé Lô. Walfadjri voit déjà « ces têtes que Macky va couper, même si Cheikh Bamba Dièye et Moustapha Cissé Lô (coordonnateur de l’APR) anticipent en démissionnant. Si Macky Sall constate d’autres Bamba Dièye, la composition d’une nouvelle équipe, avant l’heure, serait inéluctable ». Le journal cite entre autres Thierno Alassane Sall (ministre des Transports), Sidiki Kaba (Justice), Abdoulatif Coulibaly (porte-parole du gouvernement) et Benoît Sambou (Jeunesse).
Mais il faudra pour le chef de l’Etat « éviter d’être pris de court et mis devant le fait accompli. Le remaniement ministériel se précise. Disons le re-mimi-ment aura lieu », ajoute Le Quotidien. De son côté, Le Populaire s’intéresse à « ce que Macky Sall va faire. Tranquille et serein, Macky a désormais toutes les cartes en main pour jouer à sa guise », écrit Le Populaire qui croit savoir que l’on s’achemine « vers un remaniement en profondeur de ses appareils gouvernemental et politique ». Selon Enquête, « Macky Sall qui, a consulté Moustapha Niasse (président de l’Assemblée nationale) au Palais, prépare la mue ». Le journal écrit : « Selon les échos qui nous parviennent, le Président Sall, déçu des résultats de ses proches, est plongé depuis dans une humeur bien noire ».
« Tous les secteurs sont prioritaires au Sénégal »
Mais de nombreux observateurs affirment que Macky Sall avait déjà préparé en partie la liste des ministres qui seront limogés. Le chef d’Etat sénégalais n’a plus le temps de tâtonner. L’échéance de la Présidentielle de 2017 approche. Et il compte bien se représenter pour un second mandat. A l’heure actuelle, des remords le rongent concernant son choix d’avoir renoncé au septennat au profit du quinquennat, qui lui laisse moins de temps pour retomber sur ses pieds. Alors comment revenir sur cette décision sans perdre la face ? Plus de deux ans après son élection au pouvoir, il sait pertinemment qu’il n’a pas convaincu les Sénégalais, qui ont trouvé le moyen de le sanctionner à travers ces élections locales. Empêtré par des difficultés quotidiennes pour survivre et faire face à la vie chère, la population veut des résultats. Immédiatement. Elle a perdu patience et attend de voir se concrétiser les promesses de Macky Sall annoncées lors de son élection en mars 2012.
Le plan Sénégal émergent (PSE) est la dernière carte que Macky Sall peut encore jouer pour espérer un second mandat, confie cet observateur à Afrik.com. Mais encore faut-il qu’il sache en faire bon usage. Surtout quand on sait que ce plan pour l’émergence du Sénégal en 2035 nécessite des financements colossaux et une rigueur sans faille. Sans compter qu’au Sénégal, tous les secteurs sont prioritaires. L’Education, la Santé, le développement des régions, l’abaissement du côut de la vie, le logement, le développement de l’agriculture…, souligne cet observateur. Alors par où commencer? C’est à cette question de devra répondre Macky Sall pour préserver son fauteuil.