Annoncée depuis des semaines, l’unité d’action des forces de l’opposition pour aller au scrutin législatif du 6 mars 2021 n’était, en réalité, assise sur aucune base solide. Le vent a soufflé et tout est en train de voler en éclats.
A quelques heures de la clôture du dépôt des dossiers de candidature pour les prochaines élections législatives en Côte d’Ivoire, au sein de l’opposition qui avait annoncé vouloir constituer un front uni face au RHDP du Président Ouattara, plus rien ne va. Ce lundi 18 janvier 2021, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) de Charles Blé Goudé a claqué la porte. Non sans justifier sa prise de position. Pour le mouvement, il est regrettable de constater que ces élections, qui devaient être vues comme « une opportunité pour renforcer la cohésion et l’unité de l’opposition », ont, au contraire, « malheureusement mis au grand jour les appétits et autres guerres de positionnement entre des entités pourtant supposées être des partenaires ».
Le communiqué signé du secrétaire général du parti, Patrice Saraka, fait observer que « les attitudes et les procédures de prises de décisions frisent le mépris et indiquent que la priorité et le sens de l’action politique ne demeurent nullement les intérêts du peuple comme le font croire les déclarations publiques. La guerre de positionnement et la logique de domination ne sont pas l’idée qui avait guidé le COJEP à adhérer à la coalition pour la Démocratie, la Réconciliation et la Paix (CDRP), une coalition à but non électoraliste, à l’origine ».
Le parti de Blé Goudé n’est pas le seul mécontent au sein des forces de cette opposition. Le camp de Pascal Affi N’Guessan boude également le PDCI, le CDRP et la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) qu’il accuse de saboter tous les efforts consentis pour présenter une liste unique de l’opposition.
Même au sein du propre parti de Henri Konan Bédié, on ne réussit pas à accorder les violons. Alphonse Djédjé Mady, un des caïds du PDCI depuis le temps de Félix Houphouët-Boigny, vient de déposer son dossier de candidature en tant qu’indépendant. « J’ai déposé ma candidature pour la circonscription de Nahio-Saïoua et j’ai déposé en tant qu’indépendant », a-t-il confié à la presse.
Les divergences sont donc profondes à l’intérieur de cette opposition qui a voulu faire croire qu’elle était unie. Face à elle, un RHDP bien solide et organisé qui est d’ailleurs sorti revigoré de la dernière présidentielle où son candidat, Alassane Ouattara, s’est retrouvé pratiquement seul, après le mot d’ordre de boycott lancé par l’opposition. Pour espérer tenir tête au RHDP, l’opposition n’avait autre choix que de constituer un front uni. Maintenant que ce front semble se noyer dans l’univers du rêve, le jeu électoral du 6 mars prochain semble fait d’avance. La débâcle de l’opposition à ce scrutin semble si évidente, sauf revirement extraordinaire de situation.