Les Angolais élisent ce vendredi les 220 députés de l’Assemblée nationale. Ce scrutin est le premier du genre depuis 1992 et le rejet par les rebelles de l’Unita de celui organisé cette année-là. Le commencement des opérations s’est déroulé dans le calme mais avec beaucoup de retard, notamment en raison du manque de matériel et de « coordination ».
A en croire les longues files d’attente, les Angolais de Luanda étaient motivés pour élire ce vendredi leurs 220 députés. Ces législatives, pour lesquelles un jour férié a été décrété, sont les premières depuis 1992. Cette année-là, un scrutin avait été organisé à la faveur d’une trêve dans la guerre civile qui opposait le pouvoir à l’Union nationale pour l’indépendance de l’Angola (Unita). Les rebelles avaient refusé les résultats et le conflit avait repris. Il s’est achevé en 2002 après 27 années de guerre et la mort de 500 000 et à un million de morts, selon les sources.
« Remplacer les dispositions qui entravent la politique »
Le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) du président Jose Edouardo Dos Santos détient actuellement 129 sièges sur 220 à l’assemblée. S’il remportait la majorité des deux-tiers, le chef de l’Etat aurait les mains libres pour modifier la constitution afin de « remplacer les dispositions qui entravent la politique du gouvernement ». Surtout, un tel changement permettrait au chef de l’Etat de briguer un nouveau mandat pour l’élection présidentielle prévue en 2009.
Une ambition que Jose Edouardo Dos Santos ne prend même pas la peine de cacher. Peut-être parce que la victoire du MPLA, au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, lui paraît courue d’avance. D’autant que les partis d’opposition de l’ancienne colonie portugaise, riche en pétrole et en diamants, sont divisés et souffrent d’un manque de moyens financiers pour se faire véritablement entendre. Prévoyant sa défaite, l’Unita, principale formation du contre-pouvoir, a d’ailleurs affirmé jeudi soir à l’AFP que « le résultat de cette élection ne sera pas équitable ».
« Chaos »
Côté organisation, les autorités avaient envisagé de prolonger l’ouverture des bureaux de vote en cas de grande affluence des quelque deux millions et demi d’électeurs enregistrés dans la capitale. Et ce malgré l’appel au boycott lancé mercredi par les rebelles du Front de libération du Cabinda (Nord), seul groupe en guerre contre le gouvernement. Finalement, la foule était bien au rendez-vous mais la Commission nationale électorale a dû repousser l’heure de fermeture en raison de problèmes techniques.
Les observateurs de l’Union Européenne ont parlé d’un « chaos » causé par l’absence de listes électorales et le retard dans l’installation des bureaux. Le Parlement panafricain a pour sa part dénoncé « des problèmes de coordination ». Au final, on comptait parfois jusqu’à cinq heures de retard dans certaines parties de Luanda, alors que le scrutin semblait mieux se dérouler dans les 18 autres circonscriptions du pays, où six millions d’habitants étaient appelés aux urnes. Malgré ces désagréments et la chaleur accablante, les électeurs sont restés calmes ce vendredi matin, suivant la requête des autorités et des partis d’opposition.