A une semaine des élections européennes, la représentation de la diversité au Parlement interroge. C’est l’heure du bilan pour les partis politiques français. Qui de l’UMP, du PS ou encore du Modem a mis à profit son discours sur l’égalité des chances et la diversité ? Si certains reprochent à la droite de ne pas avoir favorisé les minorités visibles, d’autres déplorent la nomination systématique des ténors de la diversité.
L’effet Obama aura été de courte durée. Pour certains élus municipaux, c’est la douche froide. Les élections européennes auront profité aux ténors comme Harlem Désir, tête de la liste du Parti socialiste (PS) en Ile de France et Rachida Dati, numéro 2 pour l’Union pour un mouvement populaire (UMP). Une situation que Kamel Hamza, conseiller municipal UMP à la Courneuve et co-fondateur de l’Association nationale des élus de la diversité (ANELD) déplore. « La diversité doit commencer par le bas et non par le haut, ces gens connaissent moins le terrain que nous », explique-t-il.
La droite française avait pourtant fait de la diversité son cheval de bataille en faisant entrer dans son gouvernement Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara. A la suite de l’élection du président américain, Barack Obama, Nicolas Sarkozy avait brandit l’étendard de l’égalité des chances. Son discours de décembre dernier résonnait comme un « yes, we can » à la française. « Il faut relever le défi du métissage que nous adresse le XXIème », avait-il fièrement lancé dans un amphithéâtre plein à craquer de l’école polytechnique. Mais l’essai n’a pas été transformé. Pour preuve, les résultats d’une étude réalisée par le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) font apparaître que pour les Européennes, l’UMP ne représente que 4% de diversité sur ses listes contre 14,5 % pour le PS et 11,5% pour le Modem. Autre constat, la droite ne présente aucune tête de liste issue de la diversité. La Garde des sceaux Rachida Dati, récemment tombée en disgrâce, et Tokia Saïfi pour la le Nord-Ouest se contenteront de la place de numéro 2. Ces résultats, selon Patrik Lozès, le président du CRAN, restent « très modestes et placent toujours la France dans une position de lanterne rouge des pays développés pour la représentation des minorités visibles en politique ».
« Les partis ont pris des candidats qui avaient un réseau politique bien établi »
A droite comme à gauche, les Européennes feraient office, selon certains, de récompenses pour les candidats issus de la diversité. Farid Echeik, maire-adjoint PS de Fosses dans le Val d’Oise expliquait en février à Saphirnews, à propos de son parti : « aujourd’hui, c’est la machine interne qui nomme les candidats aux élections locales, nationales et européennes. Ils sont nommés soit pour les remercier d’un certain travail qu’ils ont fait, soit parce qu’ils ont un fort poids politique mais jamais pour leurs valeurs européennes comme premier critère de sélection ». Du coup, on ressort les éléphants de leur cimetière politique. Kader Arif, par exemple, tête de liste socialiste pour le Sud-Ouest et membre du PS depuis 1983. « Les partis ont pris des candidats qui avaient un réseau politique bien établi », poursuit Kamel Hamza. Pour le fondateur de l’ANELD, ces Européennes ont un goût amer. « Il y a un problème de représentations et cela nuit à la diversité. Pour ces élections, on n’a pas assez mis en avant les personnes qui étaient en contact direct avec la population et qui connaissaient réellement les attentes des gens », ajoute-t-il.
L’Union européenne, gardien de l’égalité des chances ?
La France fait pâle figure à côté de l’Union européenne. « Sur la question de l’égalité et de la lutte contre les discriminations, nous devons tout à l’Europe » rappelle dans une interview accordée à Afrik.com Fadila Mehal, numéro 3 de la liste du Modem pour liste de l’Ile de France. « Le refus de la discrimination s’est trouvé naturellement au centre du droit communautaire européen. Fondé au départ sur le refus de la prise en compte de la nationalité, puis des discriminations liées au sexe, les directives européennes se sont s’élargies au fur et à mesure à d’autres critères : race, origine ethnique, religion, convictions, âge ou orientation sexuelle », précise-t-elle.
A l’issue des élections qui auront lieu le 6 et 7 juin prochain, 78 des 785 députés élus seront français. Reste à savoir combien seront issus de la diversité.