Trois adversaires de Mohamed Ould Abdel Aziz, vainqueur du scrutin présidentiel du 18 juillet, on déposé mardi soir un recours auprès du Conseil constitutionnel. Depuis l’élection, ils dénoncent une fraude massive, notamment par l’achat de voix et l’utilisation de fausses cartes d’électeurs. Les opposants doivent maintenant apporter des preuves justifiant leurs accusations.
L’opposition continue de contester le résultat du scrutin présidentiel du 18 juillet. Les adversaires du général Mohamed Ould Abdel Aziz, le nouveau président élu, ont déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel mardi soir. Ils accusaient déjà le général de « fraude massive » avant la proclamation provisoire des résultats. Ahmed Ould Daddah, chef du principal parti d’opposition, Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch et le colonel Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de la junte de 2005 à 2007, demandent officiellement l’ouverture d’une enquête. Les candidats de l’opposition dénoncent une manipulation du fichier électoral, des usages de faux et des votes d’étrangers. Ils estiment également que les observateurs sur place n’étaient pas assez nombreux et déplorent le peu de temps qu’ils ont passé dans chacun des bureaux de votes. Ces derniers auraient été exclus de l’organisation des élections. Ahmed Ould Daddah soupçonne également une fraude technologique : un procédé chimique qui ferait, selon lui, apparaître automatiquement une croix à côté du nom d’Abdel Aziz sur le bulletin de vote.
Les trois plaignants auprès du Conseil constitutionnel s’étaient d’abord tournés vers la commission électorale nationale indépendante (Ceni), mais celle-ci ne peut plus recevoir de plainte après le dépouillement. Le candidat Hamadi Ould Meimou avait également participé à cette plainte mais il n’a pas déposé de recours auprès du Conseil constitutionnel. Le FNDD, le parti de Messaoud Ould Boulkheir arrivé en deuxième position, a déposé une demande de recomptage des voix auprès du ministère de l’Intérieur.
Mercredi après-midi, For Mauritania, un groupe d’opposants au putsch du général Abdelaziz, a publié sur son site des vidéos montrant des opérations d’achat de cartes d’électeurs à des citoyens au siège de campagne du nouveau président et de fabrication massive de cartes. Le site dénonce également des fraudes recensées par les « équipes volantes chargées de débusquer les irrégularités », notamment par la « rotation de bulletin » : un électeur est payé pour glisser un bulletin blanc dans l’urne et ramener le vrai qui est rempli par le « corrupteur » et distribué à un autre électeur.
Des irrégularités difficiles à prouver
Les observateurs de six organisations internationales présents sur place, dont l’Union africaine et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), se montrent satisfaits du déroulement du scrutin. Ils signalent tout de même des « insuffisances », comme la « présence parfois envahissante des forces de l’ordre et la présence de militants de certains candidats ». L’Union Européenne et les Etats-Unis attendent le rapport complet pour se prononcer sur la validité du scrutin et décider la reprise de l’aide financière vers le pays.
L’élection présidentielle de samedi devait permettre à la Mauritanie de sortir de la crise politique dans laquelle elle est plongée depuis le coup d’Etat du 6 août 2008. Avec neuf candidats, l’élection s’annonçait ouverte, mais c’est Mohamed Ould Abdel Aziz, considéré comme le cerveau du putsch du 6 août, qui a remporté le scrutin au premier tour avec 52,58% des voix. Pendant sa campagne électorale, il annonçait déjà sa victoire au premier tour. L’opposition n’a pas attendu les résultats pour déplorer des fraudes, mais elle semble éprouver des difficultés pour en apporter des preuves.
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