Le parti au pouvoir depuis plus trente ans devrait remporter les élections générales qui se tiennent mercredi au Mozambique. Le Front de Libération du Mozambique (Frelimo) est pratiquement assuré de remporter la victoire. Et son leader, le président Armando Guebuza, devrait conserver son fauteuil. La grande inconnue du scrutin reste l’abstention. Le taux de participation n’était déjà que de 36% lors des élections de 2004.
Près de dix millions d’électeurs, sur 22,4 millions d’habitants, sont appelés aux urnes au Mozambique ce mercredi pour des scrutins provincial, législatif et présidentiel. Des élections sans grands enjeux qui donnent favori le chef de l’Etat sortant Armando Guebuza et son parti. Depuis l’instauration de la démocratie multipartite en 1994, le Front de Libération du Mozambique (Frelimo) a remporté tous les scrutins. Agé de 66 ans, celui qu’on surnomme « M. Gue-Business » pour ses activités notamment dans le secteur bancaire, devrait être reconduit pour un second mandat. Faute de concurrents sérieux, « le principal opposant d’Armando Guebuza sera l’abstentionnisme », estime Anne Pitcher, spécialiste du Mozambique à l’université américaine du Michigan. « Si la participation n’est que de 36% (comme en 2004), cela sera à un verdict négatif pour le bilan de Guebuza à la présidence », poursuit-elle.
L’opposition écartée par le régime
Certaines accusations lancées par un autre candidat à la présidentielle ont entaché l’image du président sortant. Daviz Simango, maire de la deuxième ville du pays, Beira (centre), et chef du parti dissident, le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM), a accusé la commission électorale d’avoir été utilisée pour écraser sa mouvance. Celle-ci avait invalidé les candidats MDM aux législatives dans neuf des treize régions du pays au motif qu’ils n’avaient pas transmis les documents nécessaires à temps. Selon certains analystes, Daviz Simango serait le seul à pouvoir réaliser un score honorable pendant ces présidentielles. Alfonso Dhlakama, l’autre adversaire d’Armando Guebuza est en perte de vitesse. Son parti, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), un ancien mouvement rebelle soutenu jadis par des régimes racistes d’Afrique du Sud, peine à changer son image. Après plusieurs défaites aux élections présidentielles, le Renamo n’a obtenu aucune municipalité même dans ses fiefs supposés du centre du pays lors des dernières municipales.
Le règne de la pauvreté et de la corruption
Au Mozambique, ce scrutin n’est pas la priorité. Dans ce pays lusophone d’Afrique australe, 90% des habitants vivent avec moins de deux dollars par jour malgré le retour de la paix en 1992 et une croissance moyenne de 8%. Les bénéfices économiques se sont concentrés dans certaines mains dont celles du Frelimo, explique Jose Jaime Macuane de l’Université Eduardo Mondlane University à Maputo. « Ce schéma d’accumulation des richesses suscite du désenchantement parmi les électeurs » et s’auto-alimente en permettant aux élites « de puiser dans les ressources pour renforcer le Frelimo », estime l’analyste. Dans ce contexte, difficile d’espérer une alternance politique. Au Mozambique, les élections sont pratiquement jouées d’avance.
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