Le leader de l’opposition kenyane, Raila Odinga, a pris une avance confortable vendredi, quelques heures après le début du dépouillement des voix dans les 27.000 bureaux de vote à travers tout le pays, avec dix ministres en poste ayant perdu leurs sièges au profit du Mouvement démocratique orange de M. Odinga.
Le gouvernement du président kenyan, Mwai Kibaki, a été ébranlé au cours des élections générales de ce jeudi, les résultats provisoires indiquant que la plupart des ministres ont perdu leurs sièges parlementaires.
Les ministres battus étaient les piliers de la stratégie de réélection du président sortant. L’ODM de M. Odinga a donc pris une avance confortable si l’on en croit les résultats provisoires publiés par la presse indépendante à Nairobi. Les bulletins dépouillés jusqu’ici ont montré que M. Odinga a obtenu 1,86 million de voix, contre 1,17 million de voix pour M. Kibaki, selon la presse locale.
La Commission électorale du Kenya (ECK) fait l’objet d’une intense pression pour la publication des résultats. « Nous sommes désolés pour ce retard mais, encore une fois, la plupart des résultats ont été communiqués par la presse. Les résultats provisoires sont ceux que nous allons donner », a déclaré le commissaire de l’ECK, Jack Tumwa. Il a indiqué que la loi stipulait que l’ECK donne des résultats provisoires jusqu’à la certification des résultats. « Nous allons poursuivre sur cette lancée. D’ici la fin de la journée, nous saurons la tournure que prennent les élections », a- t-il déclaré.
Le commissaire de Police et général de Division, Hussein Ali, a annoncé vendredi que le processus électoral était prêt de se conclure et que son équipe de sécurité s’apprêtait à ramener par avion à Nairobi tous les présidents des bureaux de vote pour le décompte final des résultats.
Le président sortant et son parti en difficulté
Le parti de M. Kibaki continue à perdre du terrain avec la défaite de ses principaux candidats comme Njenga Karume, le ministre de la Défense, qui a perdu son siège en faveur d’un autre octogénaire, Stanley Githunguri. Les autres personnalités du gouvernement qui ont perdu leurs sièges sont le vice-président Moody Awori, qui avait proposé la candidature de M. Kibaki, Musikhari Kombo, le ministre de l’Administration locale, le ministre de l’Information et de la Communication, Mutahi Kagwe, le ministre de la Santé, Paul Sang et le ministre des Affaires étrangères, Raphael Tuju.
Des grosses pointures du Parti de l’unité nationale (PNU) de M. Kibaki ont également été battues dans le centre du Kenya, ce qui a davantage affaibli le parti au pouvoir formé en septembre pour défendre sa stratégie de réélection, des mois après que ses rivaux ont lancé leurs campagnes. « Le PNU n’était pas un parti. Il a commencé à faire campagne trop tard et n’avait pas d’autre projet que la réélection du président », a commenté un analyste politique Kamotho Waiganjo.
Le ministre kenyan du Commerce et de l’Industrie, Mukhisa Kituyi ainsi que le ministre des Routes et des Travaux, Simeon Nyachae, leader du Ford-People, qui devait apporter les voix de la région Ouest du Kenya, a également été battu par un nouveau venu. M. Nyachae, qui s’était présenté contre M. Kibaki à l’élection présidentielle de 2002 était sorti troisième de la course à l’époque. D’autres ministres délégués du gouvernement ont aussi été battus, comme Newton Kulundu le ministre du Travail et Kipruto Kirwa, le ministre de l’Agriculture, qui comptait succéder à M. Kibaki.
Une conférence de presse de Raila Odinga était attendue sous peu à Nairobi.
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