À l’approche des élections présidentielles en Mauritanie, prévues pour le 29 juin, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz vient d’annoncer sa candidature depuis sa prison. Une sortie qui anime le débat politique. Parallèlement, le président actuel, Mohamed Ould Ghazouani, se prépare à défendre son mandat dans un contexte politique de plus en plus polarisé.
Condamné pour corruption, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz défie son ancien allié, l’actuel président Mohamed Ould Ghazouani. Par cet acte, il se positionne en opposant, remettant en cause son incarcération et interrogeant les termes constitutionnels de sa rééligibilité.
La scène politique mauritanienne est sous les projecteurs avec l’annonce de la candidature de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz pour les élections présidentielles du 29 juin. Malgré sa récente condamnation à cinq ans de prison ferme pour abus de pouvoir et accumulation illégale de fortune, l’ancien président refuse de rendre les armes. Annoncée par les responsables de son parti en formation, le Front pour le changement démocratique, cette candidature suscite déjà un débat sur la légalité de sa participation.
Un contexte judiciaire complexe
En décembre dernier, l’ancien président a été condamné, une décision qui a immédiatement été contestée en appel par ses avocats. Selon Maître Taleb Kyar, avocat de l’ancien président, la loi mauritanienne permet à Ould Abdel Aziz de conserver ses droits civiques tant que l’appel n’est pas tranché. Cette interprétation du droit est soutenue par l’argument selon lequel l’appel a un effet suspensif, empêchant la condamnation d’entrer immédiatement en vigueur tant que la cour d’appel n’a pas rendu son verdict.
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Cependant, des voix s’élèvent contre cette candidature et sa validité. Notamment celle de Me Lô Gourmo Abdoul, avocat de la partie civile, qui invoque l’article 28 de la Constitution mauritanienne. Cet article stipule que le président de la République ne peut être réélu qu’une seule fois. Ould Abdel Aziz ayant déjà servi deux mandats, son éligibilité n’est plus possible. Mais ce point suscite encore des débats juridiques sur l’interprétation de la Constitution.
Malgré les controverses juridiques et sa gestion autocratique et népotique du pouvoir, Mohamed Ould Abdel Aziz bénéficie encore de soutiens. Ainsi, Mohamed Ould Djibril, responsable du parti Front pour le changement démocratique, est toujours derrière son ancien mentor. Il affirme que sa candidature est essentielle pour résoudre la crise économique et sécuritaire que traverse le pays.
Le mandat de Mohamed Ould Ghazouani
Face à cette candidature controversée, le président actuel, Mohamed Ould Ghazouani, qui a succédé à Ould Abdel Aziz en 2019, se trouve à un moment critique. Son mandat a été marqué par des efforts de stabilisation économique et des tentatives de réformes démocratiques. Ghazouani, un ancien général, a également travaillé à renforcer les relations internationales de la Mauritanie. Il lui faut désormais convaincre qu’il est l’homme dont le pays a besoin pour les années à venir..
La liste finale des candidats autorisés à se présenter sera officialisée par le Conseil constitutionnel fin mai, ce qui clarifiera si l’ancien président pourra effectivement participer au scrutin. Avec cette candidature controversée, l’élection présidentielle mauritanienne de 2024 est cruciale pour l’avenir de la démocratie dans le pays.