La Présidentielle du 31 octobre prochain en Côte d’Ivoire s’annonce comme celle de tous les dangers. Toutes les pièces du puzzle sont en train de se mettre progressivement en place.
Le spectre des violences post-électorales de 2011 semble encore en train de planer au-dessus de la Côte d’Ivoire. Plusieurs éléments qui se jouent actuellement sont de nature à susciter des craintes.
Il y a d’abord la volonté d’Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat
Le premier élément crisogène demeure la volte-face du Président Alassane Ouattara qui, après la mort de son dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly, a, contre toute attente, pris la décision de se présenter pour un troisième mandat. Cette décision a suscité et continue de susciter des mécontentements, non seulement dans le camp de l’autre dinosaure de la politique ivoirienne, l’ancien Président Henri Konan Bédié, 86 ans et candidat déclaré du PDCI, mais également parmi les pro-Gbagbo.
Conséquences : des émeutes dans plusieurs villes du pays : Daoukro, Gagnoa, Bonoua, etc., avec au compteur, pas moins de huit morts, des centaines de blessés, ainsi que des arrestations. Alors que ce troisième mandat voulu par le Président Ouattara cristallise les mécontentements d’une frange de la population ivoirienne, les autorités usent de la répression pour museler les contestataires de cette candidature.
Il y a ensuite les exclusions de candidats
Autre source majeure de mécontentements, l’exclusion systématique de certains candidats ou probables candidats capables de faire douter Alassane Ouattara. Il s’agit d’abord de son prédécesseur à la magistrature suprême, Laurent Gbagbo. La décision prise par la CENI de radier l’ex-Président de la liste électorale, a été confirmée ce mardi 25 août par la justice ivoirienne. La raison mise en avant pour priver Laurent Gbagbo de son droit de vote et par conséquent, de son éligibilité : la condamnation à 20 ans de prison retenue contre lui par la justice ivoirienne. Là aussi, il y a mécontentements.
Si dans la réalité, l’ancien Président ne s’était, jusque-là, pas prononcé sur son souhait ou non de se porter candidat, Guillaume Kigbafori Soro, lui, a clairement exprimé son intention depuis des mois. Seulement, une condamnation à 20 ans de prison pèse sur lui aussi en Côte d’Ivoire où, il n’a pas le droit de poser les pieds au risque d’être immédiatement arrêté et jeté en prison. Il s’est donc exilé en France. Le divorce est donc total entre Alassane Ouattara et son ancien allié. Les mécontentements vont bon train, de ce côté également.
Le cumul de mécontentements : une bombe prête à exploser
Tous les Ivoiriens craignent aujourd’hui que l’histoire se répète. La crise post-électorale de 2010-2011, avec ses 3 000 morts, est encore fraîche dans les esprits. Mais les mécontentements sont tels que les populations ne craignent même pas d’exposer leur vie pour braver l’interdiction de manifester sur la voie publique jusqu’au 15 septembre, une décision prise par les autorités pour contenir, tant soit peu, les violences qui secouent le pays.
Dans ce contexte de violences accrues et cette atmosphère viciée, peut-on logiquement s’attendre à ce que le scrutin d’octobre se déroule dans la paix et la quiétude ? En tout cas, vu le tableau qui se présente actuellement en Côte d’Ivoire, rien n’est moins sûr.
Croisons les doigts et attendons. Le temps nous en dira plus.