Omar el-Béchir montre une fois encore que le mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dont il fait l’objet, ne l’empêche guère de se déplacer. Après l’Erythrée, l’Egypte, la Libye et l’Ethiopie la semaine dernière, il assiste, lundi et mardi, au 21ème sommet de la Ligue arabe à Doha, au Qatar. Il y a reçu le soutien de ses pairs arabes.
Le président soudanais continue de défier la Cour pénale internationale (CPI). Omar el-Béchir qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par cette dernière, s’est rendu dimanche à Doha, la capitale du Qatar où il assiste, lundi et mardi, au sommet de la Ligue arabe. C’est le quatrième voyage à l’étranger qu’il effectue depuis l’émission, contre lui, le 4 mars, d’un mandat d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La semaine dernière, le président soudanais a visité quatre pays amis: l’Egypte, l’Erythrée, la Libye et l’Ethiopie. Omar el-Béchir veut ainsi démontrer à la justice internationale qu’il ne craint pas d’être arrêté et qu’il reste maître de ses mouvements.
« Un soutien absolu au Soudan »
« Nous apprécions votre soutien et espérons qu’il conduira à des résolutions fermes et claires », a déclaré Omar el-Béchir à ses homologues à l’ouverture, lundi, du 21è sommet de la Ligue arabe. Il les a exhortés à signer une déclaration finale réclamant l’annulation pure et simple de son inculpation. Son homologue syrien Bachar el-Assad, qui s’est également exprimé lors de cette rencontre, a appelé les dirigeants arabes à « rejeter catégoriquement » ce mandat d’arrêt et à « exprimer un soutien absolu au Soudan ». La veille, à Addis-Abeba, en Ethiopie, le guide libyen, Mouammar Kadhafi, qui dirige l’Union africaine (UA), a qualifié la décision de la CPI de « terrorisme du Premier monde ». Il a ajouté qu’« il s’agit d’une tentative par l’Occident de recoloniser ses anciennes colonies. Arrêter un chef d’Etat, ce n’est pas juste. Voilà pourquoi tous les pays du Tiers-monde s’opposent au mandat de la CPI contre Béchir ».
Comme son président en exercice, l’UA a également condamné l’émission du mandat d’arrêt contre el-Béchir. L’organisation panafricaine a indiqué par la voix de son commissaire à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra, qu’elle attendait la décision du sommet arabe de Doha. Ensuite, « nous ferons un mouvement ensemble » devant l’ONU, a-t-elle déclaré.
Echanges indirects entre Omar el-Béchir et Ban Ki-moon
La présence d’Omar el-Béchir n’a pas empêché Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Onu, de participer à cette rencontre des Etats arabes. Il en a d’ailleurs profité pour demander au Soudan, sans s’adresser directement à son président, de revenir sur sa décision d’expulser du Darfour treize Ong internationales. « Les efforts humanitaires ne doivent pas être politisés », a fermement lancé le secrétaire des Nations unies qui a ajouté que « les personnes qui en ont besoin doivent être aidées quelles que soient les divergences politiques ».
Succédant à Ban Ki-moon à la tribune de ce sommet, le président soudanais, Omar el-Béchir, s’en est pris au Conseil de sécurité des Nations unies et à la CPI. Il a qualifié cette dernière d’« institution non-démocratique qui pratique la politique de deux poids deux mesures, s’en prenant aux faibles et en faisant semblant de ne pas voir les vrais criminels ». Le président soudanais a remis en question a la crédibilité de l’Onu.
Renforcer l’unité de la Ligue arabe
Omar el-Béchir est fort du soutien de l’Union africaine et des Etats arabes. Cheikh Hamad bin Jassim al Thani, le Premier ministre du Qatar, pays hôte de ce sommet de la Ligue arabe, a même affirmé qu’il avait fait la sourde oreille aux pressions extérieures lui demandant d’annuler l’invitation du président soudanais. Il ne comptait pas rater une occasion de ressouder la Ligue arabe. L’organisation est en proie à une division depuis la dernière offensive israélienne contre le Hamas dans la Bande de Gaza. D’une part se trouvent les radicaux (Qatar, la Syrie et l’Iran), qui soutiennent sans faille au mouvement palestinien, et de l’autre, les modérés constitués par l’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Jordanie. Ces derniers Etats étaient à l’initiative du processus de médiation conciliante avec Israël. Preuve de cette dissension, l’absence très remarquée de Hosni Moubarack à ce 21è sommet de la Ligue arabe. Le président égyptien s’est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères à Doha.
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