La situation est de plus en plus critique au Caire, où les forces de l’ordre égyptiennes répriment violemment les pro-Morsi qu’ils tentent de disperser. Le dernier bilan annoncé par le ministère de la Santé fait état de 149 morts. A l’international, les condamnations commencent à s’abattre sur l’armée. L’opposant Mohamed El Baradei a d’ores et déjà annoncé sa démission de son poste de Vice-président pour contester l’usage de la force à l’encontre des manifestants.
L’Egypte sombre dans un bain de sang qui pourrait bien devenir incontrôlable. Le dernier bilan donné par le ministère de la Santé fait état de 149 morts, depuis que les forces de l’ordre ont décidé ce mercredi de disperser les manifestants pro-Morsi, qui étaient rassemblés sur les places Rabiya Al-Adawiya et Nahda, au Caire. La police les a réprimé un à un, sans pitié, tirant à balles réelles sur ceux qui font de la résistance. Depuis ce matin, les morgues ne cessent de se remplir de cadavres venant de toutes parts. Les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, renversé le 3 juillet par l’armée, parlent eux de 500 morts et 9 000 blessés.
Les autorités qui semblent plus que jamais débordés ont rétabli l’état d’urgence sur tout le territoire au moins pour un mois, a annoncé durant la soirée, la Présidence. Un couvre-feu sera également imposé dans 11 provinces du pays, comprenant le Caire et les provinces de Guizeh, d’Alexandrie, de Beni Sueif, de Minya, d’Assiout, de Sohag, de Beheira, du Nord et du Sud-Sinaï, Suez et Ismaïlia. Cette mesure s’appliquera de 19H00 (17H00 GMT) à 06H00 (04H00 GMT) jusqu’à nouvel ordre, a indiqué un porte-parole du gouvernement.
Face à l’escalade de la violence, Mohamed El Baradei, nommé Vice-président, après le renversement de Mohamed Morsi, a annoncé avoir présenté sa démission au Président par intérim, Adly Mansour. « Il m’est devenu difficile de continuer à assumer la responsabilité de décisions avec lesquelles je ne suis pas d’accord », a-t-il écrit dans sa lettre adressée au Président intérimaire.
Pluie de condamnations
A l’international, on commence à hausser le ton contre l’armée, après une matinée presque sans déclarations, où seule la Turquie a jugé « inacceptable » l’intervention des forces égyptiennes de sécurité contre les rassemblements des pro-Morsi au Caire. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté le Conseil de sécurité des Nations Unies et la Ligue arabe à intervenir pour mettre fin à ce qu’il nomme un « massacre en Egypte ». Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a également « dénoncé avec force la méthode utilisée contre les manifestants pacifiques (…) qui a coûté la vie à un certain nombre d’innocents sans armes ».
Dans l’après-midi, les Etats-Unis ont condamné à leur tour « avec force l’usage de la violence contre les manifestants en Egypte », exhortant « l’armée à faire preuve de retenue ». De même dans un communiqué, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné « dans les termes les plus fermes les violences au Caire et déplore que les autorités égyptiennes aient choisi d’utiliser la force ». Plus modérée, l’Union européenne a, elle, appelé à la retenue, jugeant « extrêmement préoccupantes aujourd’hui les informations faisant état de la mort de manifestants au Caire ».
Du côté de l’armée, aucune déclaration pour le moment face à la crise qui mine le pays. Le bain de sang qu’elle craignait a finalement pris le dessus, à tel point que des pro-Morsi, qui rappellent que Mohamed Morsi a été élu démocratiquement avant d’être destitué, craignent d’être exterminés.