Lundi soir, un triple attentat dans la station balnéaire égyptienne de Dahab a fait, selon un bilan provisoire, 18 morts et des dizaines de blessés. Les attaques, non revendiquées et dont le mode de déclenchement n’est pas sûr, ont été condamnées par plusieurs chefs ou représentants d’Etat.
18 morts et 62 blessés. C’est le bilan provisoire du triple attentat qui a ensanglanté, lundi à 19 heures locales, la ville de Dahab, dans le Sinaï égyptien. Cette station balnéaire devient ainsi la deuxième à être frappée par des attaques depuis le 23 juillet dernier, où trois attentats à la bombe avaient fait 60 morts et quelque 200 blessés à Charm el-Cheikh. L’Egypte avait pourtant renforcé la sécurité dans cette région et prolongé de deux ans l’état d’urgence dans le pays, afin de prévenir le terrorisme. Un procès est par ailleurs en cours contre des bédouins du Sinaï suspectés d’appartenir au groupe islamiste «Unicité et Jihad », qui avait revendiqué les attaques de Charm el-Cheikh de 2005 et celles de Taba et Nuweiba, qui ont coûté la vie à 34 personnes en octobre 2004.
C’est à la veille de l’anniversaire de la restitution du Sinaï par Israël que le café-bar Nelson, le café Aladdin et le supermarché Ghazala ont été touchés à quelques minutes d’intervalle. La ville comptait de nombreux touristes, qui avaient fait le déplacement à l’occasion de la Pâque orthodoxe et de la fête du printemps. Le mode de déclenchement des bombes n’est pas certain, mais les hypothèses de kamikazes ou d’une activation à distance sont privilégiées.
Fermeture de la frontière avec Israël
Des dizaines d’ambulances et de voitures de police ont été mobilisées pour faire face au carnage, pour le moment non revendiqué. Les explosions de Dahab ont tué 12 Egyptiens et 6 touristes – dont un bébé allemand. Le nombre de blessés, estimé au départ à 150, est retombé à 62 (42 Egyptiens et 20 touristes). Officiellement pour « empêcher la fuite des suspects », l’Egypte a fermé ses frontières avec Israël, qui a proposé de dépêcher des secouristes et des médecins. Le ministre égyptien de l’Intérieur, Habib el-Adly, s’est rendu sur place pour lancer une enquête.
Selon l’agence officielle de presse Mena, le Président égyptien Hosni Moubarak a qualifié les attaques d’« acte épouvantable » et demandé que les terroristes « endurent la loi dans toute sa rigueur ». le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan condamne, pour sa part, « cet acte de terrorisme qui visait des gens innocents ». De nombreux dirigeants ou représentants d’Etat ont livré un message de condamnation, de condoléances et de soutien. « Nous gardons les blessés dans nos pensées et nos prières, et je garantis ceci à l’ennemi : nous resterons à l’offensive, nous n’hésiterons pas, nous ne fatiguerons pas, nous vous amènerons devant la justice, pour le bien de la paix et de l’humanité », a déclaré le Président américain George Bush. Son homologue français indique, dans un communiqué de l’Elysée, « sa consternation » et « condamne ces actes terroristes odieux de la façon la plus catégorique ». « La Chine est disposée à renforcer la coopération avec la communauté internationale, y compris l’Egypte, pour poursuivre la lutte contre le terrorisme et sauvegarder la paix et la stabilité dans le monde », a expliqué, lundi lors de sa visite au Maroc, le chef de la république chinoise Hu Jintao. Quant au roi Abdallah II de Jordanie, il a « condamné et dénoncé fermement cet acte terroriste lâche », en précisant la « nécessité d’unir les efforts internationaux pour faire face à ce dangereux fléau qui n’a rien à voir avec notre culture arabe ou notre religion musulmane ».