Une centaine d’agressions sexuelles ont eu lieu ces derniers jours sur la place Tahrir, en marge des manifestations contre le Président Morsi, selon Human Rigths Watch. L’organisation de défense des droits de l’Homme a aussi répertorié plusieurs cas de viols.
La place Tahrir n’est pas seulement un lieu pour exprimer sa colère. C’est aussi un lieu où les agressions sexuelles sont récurrentes. Human Rights Watch en a répertorié une centaine ces derniers jours, en marge des manifestations contre le Président Mohamed Morsi.
Des agressions sexuelles au quotidien
Ce phénomène ne date pas d’hier. Les victimes qui se sont confiées à Human Rights Watch ont décrit en détail le procédé des agresseurs. Ces derniers se constituent en groupe, isolent leur proie de ses amis, l’encerclent, et lui déchirent ses vêtements, avant de la violenter sexuellement. Parfois ils n’hésitent pas à la violer. Dans certains cas, elle est traînée sur le sol pour être agressée à un autre endroit. Des violences qui peuvent durer plus d’une heure, incitant les victimes à des hospitalisations. Certaines d’entre elles ont même été « battues avec des chaînes métalliques, des bâtons, des chaises et attaquées avec des couteaux », note l’organisation de défense des droits de l’Homme, qui dénonce « le désintérêt du gouvernement à voir ce problème se traduire en une culture d’impunité ».
Au moins cinq femmes ont été attaquées le 28 juin selon l’ONG, 46 le dimanche 30 juin – journée de forte mobilisation –, 17 le 1er juillet et 23 le lendemain. Pour certains, les groupes d’agresseurs, qui jouissent d’une impunité totale, profitent de l’absence des forces de l’ordre sur la place Tahrir pour s’en prendre aux femmes. Pour le moment, aucun d’entre eux n’a été interpellé ou même identifié par les policiers. De leur côté, les militants égyptiens contre la violence pensent que ces agressions sont aussi un moyen de dissuader les femmes de participer aux manifestations contre le chef d’Etat égyptien.
Violences sexuelles comme arme politique
D’autres observateurs vont même plus loin dans l’explication de ce phénomène. Lors d’une interview accordée à Afrik.com en mars dernier, la militante féministe égyptienne Shahinaz Abdel Salam-[http://www.afrik.com/egyptiennes-dans-l-enfer-des-violences-sexuelles], qui a lutté contre le régime de Hosni Moubarak, auteur du livre Egypte, les débuts de la liberté (ed. Michel Laffont), estime que ces violences sexuelles lors des manifestations sont utilisées avant tout comme une arme politique. « Le pouvoir envoie en mission un groupe d’hommes armés qui ont pour but d’agresser sexuellement les femmes dans les manifestations dans l’unique but de les intimider. Ce procédé existait déjà sous le régime de Moubarak. Aujourd’hui Mohamed Morsi fait la même chose ! », selon la féministe.
Face à cette situation, certains hommes se constituent en groupes pour protéger les femmes des éventuels agresseurs. Sauf que non seulement les « protecteurs volontaires » subissent parfois aussi des agressions sexuelles, mais celles qu’ils sont censés aider ne leur font pas confiance, estimant qu’ils leur tendent simplement la main pour profiter d’elles. Des soupçons qui parfois agacent « protecteurs volontaires » qui haussent souvent le ton et demandent à ne pas être confondus avec les autres. « On n’est pas là pour vous faire du mal, mais juste pour vous aider ! », lâchent-ils parfois pour rassurer.
Les agressions sexuelles constituent un véritable fléau dans le pays, faisant du quotidien des Egyptiennes un véritable enfer. [http://www.afrik.com/egyptiennes-dans-l-enfer-des-violences-sexuelles]. Selon des études récentes, plus de 85% des Égyptiennes auraient déjà subi une agression sexuelle au moins une fois dans leur vie.