Malgré de nombreuses critiques à l’international contre les autorités égyptiennes, le procès des journalistes de la chaîne du Qatar Al-Jazeera, accusé de soutenir les Frères musulmans, confrérie désormais interdite en Egypte, a repris ce mercredi.
Il fait un tollé à l’international ! Mais les autorités égyptiennes ont toutefois maintenu le procès des journalistes de la chaîne satellitaire du Qatar Al-Jazeera, qui a repris ce mercredi. Les accusés, dont quatre étrangers, sont inculpés d’avoir soutenu les Frères musulmans, confrérie d’où est issu le Président destitué Mohamed Morsi, interdite désormais sur le territoire égyptien.
Le parquet a fait état de 20 « journalistes d’Al-Jazeera jugés ». Parmi eux, 16 Egyptiens sont accusés d’appartenance à une « organisation terroriste ». Et quatre journalistes étrangers – les Britanniques Sue Turton et Dominic Kane, la Néerlandaise Rena Netjes, et l’Australien Peter Greste sont accusés de leur avoir fourni « argent, équipements et informations afin de diffuser de fausses nouvelles faisant croire à une guerre civile dans le pays ». Al-Jazeera a toutefois assuré que seuls neuf des accusés travaillaient pour elle, dénonçant des accusations « infondées ». Les autorités ont de leur côté affirmé que les journalistes travaillaient sans accréditation.
« Aucune voix dissidente n’est tolérée »
Pour l’heure, huit d’entre eux, dont l’Australien Peter Greste, sont détenus et les autres recherchés par les autorités, dont les Britanniques Sue Turton et Dominic Kane et la Néerlandaise Rena Netjes, jugés par contumace. Les huit détenus ont plaidé non coupable. Lors de la première audience, le 20 février, Peter Greste avait affirmé avoir « confiance en la justice ». Le journaliste avait été interpellé en décembre 2013 dans un hôtel du Caire, en compagnie de l’Egypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy et l’Egyptien Baher Mohamed. Il avait notamment affirmé dans une lettre écrite depuis sa cellule en janvier, que « l’Etat ne tolèrera aucune voix dissidente, que ce soient les Frères musulmans ou tout autre critique. Les prisons débordent de tous ceux qui se sont opposés ou ont défié le gouvernement ».
Depuis la destitution de Mohamed Morsi, les autorités en effet ont ordonné la fermeture de tous les médias jugés partisans à ce dernier, dont Al-Jazeera. Le Caire n’a en effet pas du tout apprécié la façon dont Al-Jazeera a couvert les événements, l’accusant de prendre fait et cause pour les Frères musulmans, déclarés comme une organisation « terroristes ». De leur côté, l’ONU et des organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé une campagne de répression contre les médias. C’est le cas de Human Rights Watch qui avait déploré « une tolérance quasi zéro », tandis qu’Amnesty International évoquait un « revers majeur pour la liberté de la presse, qui envoie le message effrayant qu’aujourd’hui, une seule version des faits est acceptable en Egypte : celle autorisée par les autorités ».