Des millions de manifestants sont descendus dans la rue à travers toute l’Egypte pour réclamer le départ du Président Morsi. Selon certains observateurs il s’agit de la plus grande manifestation dans l’histoire de l’Egypte. Au moins cinq personnes ont péri dans des heurts entres partisans et adversaires du chef d’Etat égyptien.
Un an après son arrivée au pouvoir, le bilan de Mouhamed Morsi est négatif. C’est ce que pense les millions de manifestants descendus dans la rue à travers toute l’Egypte pour réclamer le départ du président qui a succédé à Hosni Moubarak. « Dégage le peuple veut la chute du régime ! » « Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses !». « L’Egypte va être libérée une nouvelle fois à partir de Tahrir! » « C’est une deuxième révolution !», ont scandé les protestataires particulièrement en colère, sur l’emblématique place Tahrir, rapporte Le Monde. Selon un observateur, sous couvert de l’anonymat, « il s’agit de la plus grande manifestation dans l’histoire de l’Egypte ».
L’armée égyptienne silencieuse jusqu’ici face aux tensions qui se multiplient dans le pays contre le pouvoir est aussi sortie de ses casernes, confirmant que le nombre de protestataires a atteint plusieurs millions dans le pays, rapportent les médias locaux. Cette vague de protestation a été meurtrière. Cinq personnes ont péri dans des affrontements entre partisans et adversaires du Président égyptien, à Beni Suef et dans la province d’Assiout, au sud du Caire. Selon le ministère de la Santé au moins 613 personnes ont été soignées dans le pays pour blessures.
L’opposition appelle à poursuivre la contestation
Redoutant de graves troubles, l’armée et la police ont été déployées à travers le pays pour renforcer la protection des installations vitales, notamment le canal de Suez. Récemment, les militaires se sont dits prêts à intervenir si la situation dégénérait, après la mort de huit personnes, dont un Américain, dans les jours qui ont précédé.
Face à la situation, le pouvoir a appelé au dialogue, affirmant que c’est la seule façon pour « parvenir à une entente et qu’il était ouverte pour lancer un véritable et sérieux dialogue national ». Mais la principale coalition de l’opposition, le Front du Salut national, a appelé les manifestants à rester dans la rue jusqu’à ce que Mouhamed Morsi démissionne. Dans un texte, elle a indiqué, « le Front du salut national appelle toutes les forces révolutionnaires et tous les citoyens à maintenir leurs rassemblements pacifiques sur les places, dans les rues, les villages et les hameaux du pays […] jusqu’à la chute de tous les éléments de ce régime dictatorial ».
Malgré le fait qu’il soit honni par une bonne partie des Egyptiens, le Président issu des Frères musulmans, qui n’ont officiellement pas appelé leurs membres à descendre dans la rue ce dimanche, contrairement à d’autres mouvements islamistes, compte des partisans. Depuis plusieurs jours, des militants islamistes campent sur la place Tahrir près des adversaires du chef d’Etat, défendant sa « légitimité » de premier chef de d’Etat égyptien librement élu. Ils étaient 25 000 dimanche soir, selon l’armée. Mais leur soutien suffira-t-il à Mouhamed Morsi conspué par des millions de mécontents?