Le président égyptien Mohamed Morsi s’oppose à l’organisation d’une élection présidentielle anticipée. Dans une interview, accordée ce vendredi au quotidien Al-Ahram, le chef d’Etat s’élève contre un tel scrutin qu’il trouve « absurde et illégitime », balayant ainsi d’un revers de main les demandes répétées de la société civile et de l’opposition.
Une élection présidentielle anticipée est « absurde et illégitime » en Egypte. C’est en tout cas l’avis du président Mohamed Morsi qui s’est confié au quotidien Al-Ahram. Dans cette interview, accordée au journal égyptien, le chef d’Etat, élu démocratiquement il y a un an, balaye ainsi d’un revers de main la tenue d’un tel scrutin.
« Nous sommes un Etat où il y a une Constitution et des lois. Nous avons organisé une élection libre et impartiale, et parler d’une élection présidentielle anticipée est absurde et illégitime », a-t-il affirmé. « Exprimer son opinion, agir pacifiquement, la liberté entière pour tous (…), la liberté de former des partis, tout cela ne m’inquiète pas, au contraire, cela me rend heureux. Mais violer la loi ou faire usage de violence, ou menacer de le faire, cela ne sera ni accepté ni permis », a-t-il précisé.
Une campagne anti-Morsi
Pour apaiser les tensions, Mohamed Morsi a tenté de changer de cap. Le président égyptien a lancé mercredi 22 mai un appel à l’unicité et à la réconciliation adressé à l’opposition ainsi qu’à tous ceux qui aiment, selon lui, l’Egypte. Un appel à l’unité modérément accueilli par l’opposition qui exhorte, pour sa part, le chef d’Etat à mettre en place un gouvernement neutre lors des élections législatives prévues pour octobre 2013.
Une requête qui dépend aussi des urnes. Une chose est sûre, le président Morsi traverse une mauvaise passe ponctuée par une campagne hostile à son action politique. Intitulée « Tamarod » (rébellion) et lancée début mai par ses détracteurs, elle a d’ores et déjà rassemblé deux millions de signatures. Les signataires réclament tous le départ de l’homme fort d’Egypte. Ils ont ainsi prévu de manifester devant son palais le 30 juin, un an jour pour jour après son élection à la tête du pays.
Elu en juin 2012, le président égyptien Mohamed Morsi divise l’Egypte. Le chef d’Etat a cristallisé les tensions lorsqu’il a fait voter, le 22 décembre 2012, un décret qui l’octroyait les plein-pouvoirs, avant de le retirer à cause de la pression sociale. Une tentative de renforcement de ses pouvoirs qui lui a valu le surnom de « nouveau pharaon d’Egypte ». Sa Constitution pro-charia (loi islamique) est, cependant, en action, malgré les fraudes constatées lors du référendum.