Au premier comme au second tour, le référendum sur la nouvelle Constitution, pro-charia, aurait été entaché d’irrégularités voire de fraudes. Si l’on en croit en tout cas les réclamations de l’opposition égyptienne qui conteste la victoire du « Oui ». Mohamed Morsi a renoncé au décret lui octroyant les quasi plein-pouvoirs, mais il a tout mis en œuvre pour entériner sa nouvelle Constitution qui fait la part belle à l’application de la loi islamique. D’où l’embrasement de l’Egypte depuis plus d’un mois.
La nouvelle Constitution, pro-charia (la loi islamique), a été adoptée dimanche par deux tiers des Egyptiens votants, à raison de 64% des voix pour une participation estimée à environ 32%. Le principal parti de l’opposition, le Front du salut national (FSN), conteste ces résultats -non officiels- annoncés par les médias, dénonçant des « fraudes, violations et irrégularités ».
Le premier tour du scrutin, pendant lequel 10 gouvernorats -soit seulement la moitié des 26 millions d’électeurs- avait déjà été émaillé, selon l’opposition, de fraudes. Ce qui n’avait pas empêché les Frères musulmans, le parti de Mohamed Morsi, de réclamer la victoire du « Oui » (à hauteur de 56%) alors que les résultats officiels n’étaient pas encore officiels. Or les résultats préliminaires annonçaient que le « Non » l’avait emporté avec 57% des suffrages.
Morsi et les plein-pouvoirs
Pourquoi le président de l’Egypte met-il tout en œuvre pour l’adoption de cette nouvelle Constitution ? La décret du 22 novembre, renforçant les pouvoirs du président Morsi, lui avait valu le surnom de « nouveau pharaon d’Egypte ». Un projet de loi très contesté qui a coûté la vie de cinq personnes et a fait plusieurs centaines de blessés lors des manifestations monstres notamment sur la Place Tarhir comparables aux mouvements de contestations éclatés pendant la révolution arabe.
Sous la pression de la rue, le président égyptien avait renoncé à ce décret. A-t-il vraiment renoncé ? Certains spécialistes croient savoir que Mohamed Morsi a fait mine d’écouter son peuple pour calmer ses ardeurs, afin de mieux faire adopter la nouvelle Constitution pro-charia. Hormis l’annulation du texte de loi visant à lui octroyer les quasi plein-pouvoirs, le chef d’Etat a renforcé le pouvoir des militaires les autorisant désormais à arrêter les civils pour « préserver la sécurité » et assurer la tenue du référendum.
Pour l’heure, on ne sait toujours pas quand seront publiés les résultats finals et officiels de ce scrutin. Selon la Commission électorale « aucune date officielle n’a encore été fixée ». Si la nouvelle Constitution est ratifiée, malgré les contestations de l’opposition et d’une partie de la population, l’Egypte risque de s’embraser à nouveau.