Egypte : Mohamed Morsi s’entoure d’un copte, d’une femme et d’un salafiste


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Par ces nominations très diverses, le président égyptien cherche à faire preuve d’ouverture. Il avait récemment essuyé des critiques l’accusant de monopoliser le pouvoir.

Samir Morcos, intellectuel copte, Pakinam Al Charkaoui, professeure de sciences politiques à l’université du Caire et Emad Abdel Ghafour, dirigeant du parti salafiste Al Nour, ont été appelés ce lundi à « assister » le président égyptien, rapporte l’AFP. Une démonstration d’ouverture alors que Mohamed Morsi et les Frères Musulmans (formation politique et religieuse dont est issu le président) sont accusés de monopoliser le pouvoir.

L’écrivain Samir Morcos est nommé « assistant pour la transition démocratique ». Sans doute une manière pour Mohamed Morsi de renforcer ses engagements. A son arrivée au pouvoir, celui-ci avait en effet promis de respecter les droits des coptes et d’en nommer au gouvernement (celui-ci ne compte, cela dit, qu’une ministre copte). Il faut dire que la communauté est peu représentée dans les institutions politiques du pays et fait souvent l’objet de persécutions. Les chrétiens coptes ne représentent que 6 à 10 % de la population égyptienne et les heurts avec les musulmans sont fréquents. L’élection de Mohamed Morsi, issu des Frères Musulmans, avait suscité certaines inquiétudes au sein de la communauté.

Pakinam Al Charkaoui devrait pour sa part occuper le poste d’« assistante pour les affaires politiques ». Bien que voilée, cette femme affirme n’être affiliée à aucun parti islamiste et défend l’idée que les Frères Musulmans sont un exemple d’« islamisme modéré ». Là encore, cette nomination devrait certainement permettre au président Morsi et aux Frères Musulmans, réputés conservateurs, d’améliorer leur image. En particulier dans un pays où les femmes sont régulièrement victimes de harcèlement et exclues de la vie politique. Le gouvernement formé en août par le Premier ministre, Hicham Qandil, ne compte toutefois que deux femmes.

Le but : « s’entourer de toutes les sensibilités politiques »

Quant à Emad Abdel Ghafour, il sera chargé « des relations avec la société civile ». Pour Mohamed Morsi, il s’agissait, en nommant un salafiste, de reconnaître un mouvement qui avait tout de même récolté 20% des voix aux élections législatives.

Le président a par ailleurs nommé Essam al-Haddad aux « relations extérieures ». C’est un membre du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), une formation des Frères musulmans.

Les pouvoirs de ces quatre « assistants » ne sont pas encore bien définis mais ils devraient être des collaborateurs immédiats du chef de l’Etat. Selon un porte-parole de la présidence, Mohamed Morsi cherche à s’entourer « de toutes les compétences nationales, de toutes les sensibilités politiques et de toutes les composantes de la société ». Une démarche qui vient certainement répondre aux accusations selon lesquelles le président Morsi et les Frères musulmans chercheraient à monopoliser le pouvoir, à contrôler la presse et la justice.

Mohamed Morsi est à la tête de l’Etat égyptien depuis le 30 juin. Il prend ainsi la suite d’Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011 par une révolution. C’est le premier président à être du camp des islamistes et à ne pas venir du corps militaire depuis la fin de la monarchie en 1952.

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