Panique au Caire. Des dizaines de milliers de manifestants ont encerclé le palais présidentiel. Ils exigent le retrait du décret par lequel le président Mohamed Morsi a considérablement élargi ses pouvoirs.
Des dizaines de milliers de manifestants ont encerclé mardi soir le palais présidentiel de la capitale égyptienne, Le Caire. Ils protestent contre un décret qui octroie au président égyptien Mohamed Morsi un pouvoir considérable. Les opposants sont parvenus à couper les barbelés installés autour du palais. Après avoir fait usage de bombes lacrymogènes pour tenter de disperser la foule, la police antiémeute a été contrainte de battre en retraite. Selon une source proche de la présidence, Mohamed Morsi ne se trouvait pas dans le palais à ce moment-là, rapporte l’AFP. Mais sur une vidéo postée sur le site Internet égyptien Raasd, on aperçoit un convoi quitter le palais sous escorte. On entend la foule scander « lâche » ou encore « va-t’en ».
Le « dégage » refait surface
La présidence a de quoi s’inquiéter. Le célèbre slogan « Dégage ! », qui a pris forme lors du soulèvement populaire en Tunisie et qui a mené à la chute du régime de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali et quelques temps après à celui de Hosni Moubarak, revient en force. « Dégage ! », « Le peuple veut la chute du régime », scandaient ainsi les protestataires ce mardi soir aux abords du palais présidentiel. Plus tard dans la soirée des milliers de personnes continuaient d’affluer vers le palais présidentiel pour contester le décret imposé par Morsi et le projet de Constitution qui doit être soumis à référendum dans moins de deux semaines. Dans ce projet de loi, l’opposition dénonce une restriction de la liberté d’expression – la presse égyptienne indépendante a observé une journée de grève ce mardi – et le renforcement de la loi islamique.
La place Tahrir était elle aussi bombée de monde. Tous ont répondu à l’appel à manifester lancé par plusieurs groupes et partis d’opposition. Les jeunes du 6 avril, acteurs majeurs du soulèvement de 2011 ayant obligé Hosni Moubarak a démissionné, étaient également de la partie.
Face à la montée en puissance de la colère de la rue, Mohamed Morsi avait assuré que son décret n’était que « temporaire » afin d’accélérer les réformes démocratiques. Ce à quoi l’opposition a brandi le spectre d’une nouvelle dictature en Egypte. Les autorités égyptiennes affirment que le référendum aura tout de même lieu le samedi 15 décembre. Un passage en force qui risque de mettre plus à mal le pouvoir. Mohamed Morsi parviendra-t-il à calmer le plus important des mouvements populaires en Egypte depuis la chute de Moubarak ?