C’est aujourd’hui qu’a lieu la manifestation controversée des opposants à Mohamed Morsi, conduite par le général Abdel Fatah al-Sissi. Dans un même temps, le Secrétaire général de l’ONU a demandé à ce que le Président déchu, Mohamed Morsi, soit libéré.
Une journée classée à hauts risques en Egypte. Sous l’impulsion du nouvel homme fort de l’armée, le général et ministre de la Défense, Abdel Fatah al-Sissi, des milliers d’Egyptiens sont invités à manifester pour « lutter contre le terrorisme ». Mais c’est une véritable démonstration de force qui aura surtout lieu puisque les Frères musulmans ont eux aussi prévus de défiler avec leurs supporters pour réclamer la libération de Mohamed Morsi et d’autres membres de la confrérie des Frères musulmans. C’est non sans espoir que les pro-Morsi clament toujours le retour de leur « Pharaon » détrôné après ce que certains appellent un « coup d’Etat militaire » et ce que d’autres préfèrent nommer un « coup d’Etat du peuple ». Ils comparent l’Egypte d’aujourd’hui à celle d’Hosni Moubarak.
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a exhorté les autorités égyptiennes à libérer Morsi, après qu’un tribunal ait ordonné sa mise en détention pour ses liens présumés avec le Hamas qui l’aurait aidé à s’évader de prison début 2011. Une décision qui a provoqué un tollé dans les rangs islamistes et pro-islamistes. La sécurité a par conséquent été renforcée au Caire, la capitale, et dans le reste du pays. Les violences liées aux troubles politiques ont déjà causé la mort de plus de 200 personnes en un mois.
Morsi, « le vrai Président »
Les islamistes, dont les cortèges partiront d’une trentaine de mosquées de la capitale, manifesteront après la traditionnelle prière du vendredi. Les points de convergence sont deux lieux symboliques où les partisans de Morsi ont établi des campements : l’Université du Caire et aux abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le nord-est de la capitale.
Un habitant de Mansoura interrogé par l’AFP affirme n’accepter « personne d’autre que M. Morsi » et entend « manifester pacifiquement » pour demander son retour. Pour El-Baz Abou Maati, il ne fait aucun doute, Mohamed Morsi est « le vrai Président d’Egypte ».
Le camp rival se retrouvera plus tard dans l’après-midi sur la fameuse place Tahrir et devant le palais présidentiel à Héliopolis, à l’est du Caire.
Al-Sissi mène ses troupes
Des voix commencent à s’élever contre le général Abdel Fatah al-Sissi, à l’origine de l’appel à manifester contre Morsi et le terrorisme de ce vendredi. Il est notamment accusé de prendre les décisions qui, démocratiquement, reviennent au Président et au gouvernement.
La célèbre bloggeuse égyptienne, Shahinaz AbdelSalam, a écrit sur sa page Facebook que le chef de l’armée « n’est pas dans son rôle » en appelant à manifester. Même son de cloche chez le chercheur et écrivain natif du Caire, Masri Feki. D’après lui, le général al-Sissi « va trop loin ». « S’il s’agit de mettre en œuvre une politique musclée et peu respectueuse du droit, alors ce n’est pas acceptable, fustige-t-il. Cet appel démontre qu’al-Sissi est le numéro 1 du régime, car c’était au Président ou au Premier ministre par intérim de prendre ou non cette décision. » Pour Masri Feki, interrogé par Afrik.com, il ne fait pas l’ombre d’un doute : « l’armée gouverne l’Egypte ».
Al-Sissi prouve de plus en plus ses probables ambitions à gouverner officiellement ou officieusement, en appelant mercredi les Egyptiens à descendre en masse dans la rue pour lui donner un « mandat » afin d’en « finir avec le terrorisme et la violence ».
L’organisation Amnesty international craint que l’appel d’al-Sissi n’ait pour but de mettre un terme aux manifestations des pro-Morsi en employant la force. En effet, l’armée a lancé un nouvel ultimatum de 48 heures aux Frères musulmans pour se rallier au processus de réconciliation politique. Les Frères musulmans ont donc jusqu’à demain samedi pour obtempérer.