Egypte : malaise à l’international face à l’éviction de Morsi


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Alors que la colère des partisans de Mohamed Morsi gronde toujours, à l’international, on ne sait plus sur quel tableau jouer face au renversement de l’ex-Président égyptien. L’Union européenne, ou encore les Etats-Unis, ont affirmé leurs vives préoccupations concernant la situation en Egypte, sans pour autant condamner la destitution du chef d’Etat, ni même évoquer le terme « coup d’Etat ».

L’impuissance de la Communauté internationale face à la crise égyptienne se révèle chaque jour plus criante. Ces derniers jours, les émissaires étrangers se sont multipliés au Caire déposant tous leurs bagages diplomatiques afin de mettre un terme au bras de fer qui oppose le pouvoir aux pro-Morsi. Total échec. La visite de la porte-parole de l’Union européenne, Catherine Ashton, qui a appelé à la libération de Mohamed Morsi détenu par l’armée n’y a rien fait. Ni le sous-secrétaire d’Etat américain, Nicholas Burns, ou encore l’ex-Président du Mali, Alpha Oumar Konaré, médiateur de l’Union africaine en Egypte. De même que le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle. A tel point que la présidence égyptienne a officiellement annoncé ce mercredi l’échec de cette médiation, pointant du doigt les pro-Morsi qu’elle tient pour responsable de « l’échec de ces efforts ».

Confusion

Depuis la destitution de Mohamed Morsi, rares sont les pays qui se sont clairement positionnés, hormis la Turquie qui a condamné son éviction, s’attirant les foudres de l’armée égyptienne. Au lendemain de ce renversement de situation, une pluie de communiqués diplomatiques, les uns plus confus que les autres, est tombée. Le Président Obama s’était dit « profondément inquiet face aux derniers développement en Egypte», appelant à « l’élection rapide d’un nouveau gouvernement civil ». Le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki moon, a, lui, qualifié de « préoccupante l’intervention de l’armée tout en jugeant légitimes les revendications des manifestants ». De son côté, l’Union européenne a incité toutes les parties en Égypte à « retourner rapidement au processus démocratique ». La Grande Bretagne et la Russie ont appelé « au calme» et « à la retenue »; le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, au respect « des libertés individuelles et des acquis de la transition démocratique ». L’Allemagne a pour sa part évoqué « un échec de la démocratie ». Le Qatar, Téhéran et la Chine ont quant à eux exprimé leur soutien « au choix du peuple égyptien ».

Des communiqués écrits avec des pincettes qui révèlent un malaise profond à l’international. Faut-il condamner ou non le renversement de Mohamed Morsi qui a été élu démocratiquement? Une question qui n’est toujours pas résolue. Le balbutiement du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui a justifié, lors de son séjour au Pakistan, l’éviction du chef d’Etat, par un rétablissement de la démocratie, est révélateur. « Des millions et des millions de gens ont demandé à l’armée d’intervenir. Tous avaient peur d’une descente dans le chaos et la violence », a-t-il confié à la chaîne de télévision pakistanaise GeoTV. Des propos qui ont surpris, le contraignant à revenir sur ses déclarations, appelant à un retour « au calme » et à « la normalité » dans le pays.

Le double jeu des Etats-Unis

Washington qui joue la carte de la prudence n’a en effet jamais utilisé le terme « coup d’Etat », ce qui l’obligerait à revoir l’aide de plus de 1 milliards par an accordée aux militaires égyptiens. D’un autre côté, les Etats-Unis qui sont dans une position délicate, évitent de froisser les Frères musulmans, gigantesque confrérie, dont est issue Mohamed Morsi, avec laquelle ils ont mis des années à normaliser leurs relations. Mais ces derniers ont vu d’un très mauvais œil les déclarations du secrétaire d’Etat américain, estimant que la Maison Blanche leur a tourné le dos. D’un autre côté, les opposants de l’ex-chef d’Etat reprochent à Washington de ne pas leur signifier un soutien clair.

Pour le moment, la stratégie des autorités américaines qui tentent de préserver leurs intérêts en jouant sur deux tableaux ne s’est pas révélée payante. Au contraire, la méfiance des deux camps vis-à-vis des Etats-Unis s’est accrue. En attendant, la tension entre pro et anti-Morsi n’est pas retombée. L’Egypte qui ne peut pas compter sur la communauté internationale est partie pour résoudre seule la crise qui la déchire.

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