À vingt-cinq ans, Samira Ibrahim est une fervente militante active sur les réseaux sociaux d’Egypte. Figure parmi tant d’autres de la Place Tahrir. Elle y manifeste encore aujourd’hui pour faire tomber le régime toujours contrôlé par l’armée. Elle s’est faite connaître pour avoir porté plainte contre la police militaire. Incarcérée le 9 mars 2011, elle avait subi en prison et pendant quatre jours avec une vingtaine d’autres femmes, des violences et des tortures en tout genre, notamment ce que les militaires appellent « les tests de virginité ».
Trois questions à Samira Ibrahim :
Afrik.com : Quelle est l’influence des blogueurs dans le société égyptienne d’aujourd’hui ?
Samira Ibrahim : Un blogueur ou une blogueuse peut mobiliser des centaines de personnes, pas des milliers. Mais c’est déjà important. Ils traduisent plus honnêtement les événements que ne le fait la presse, parce que la presse égyptienne n’est pas honnête et reste toujours contrôlée. C’est sûr que les prochaines mobilisations partiront une fois de plus du Net. C’est notre seule façon de rassembler.
Afrik.com : Que pensez-vous des jugements rendues dans les procès des responsables du régime Moubarak?
Samira Ibrahim : Je suis en colère et ça traduit toute la démagogie en Egypte. Je m’attendais à un jugement juste, or celui-ci ne l’est pas. On s’attendait à ce que Moubarak soit condamné à mort ! Quant à ses fils, cheville ouvrière de toute la corruption, ils ont été relâchés ! La corruption était partout dans l’Etat à cause d’eux. On a aussi relâché les responsables du ministère de l’Intérieur, ceux-là mêmes qui étaient accusés des assassinats qui ont eu lieu en Egypte les dix-huit premiers jours de la Révolution. Notre plan est de rester sur la Place Tahrir jusqu’à la chute définitive et totale du régime. On a peut-être fait tomber la tête du régime, mais l’appareil du régime est toujours là, les services de renseignements militaires par exemple. On attend que justice soit rendue à toutes les victimes de la Révolution.
Afrik.com : Soutenez-vous un des deux candidats à l’élection présidentielle égyptienne ?
Samira Ibrahim : Aucun. Je boycotte ces élections et toutes les élections organisées par les militaires. Pour moi Mohamed Morsi (candidat des Frère musulmans, ndlr) et Ahmad Chafiq (ancien Premier ministre de Hosni Moubarak, ndlr) sont les deux faces d’une même pièce. Je n’ai pas voté au premier tour et je n’irai pas voter au deuxième.
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