Des affrontements ont eu lieu ce lundi matin entre l’armée et les pro-Morsi, lors d’un rassemblement de soutien devant le siège de la Garde républicaine, au Caire. Les Frères musulmans font état de 35 morts, ils appellent au « soulèvement » national.
Rassemblés ce lundi matin devant la Garde républicaine, au Caire, pour soutenir Mohamed Morsi, les partisans du Président déchu se sont fait tirer dessus par les forces de l’ordre. Alors qu’un premier bilan faisait état de seize morts, les Frères musulmans, eux, déplorent 35 décès. « De nombreuses personnes sont dans un état grave », a affirmé Ahmed Aref, porte-parole de la confrérie. Les frères musulmans appellent les Egyptiens à un « soulèvement » national.
De son côté, l’armée affirme que des « terroristes » ont attaqué son QG et qu’elle n’agissait qu’en légitime défense. Info ou intox ? Difficile de le savoir, l’armée a installé un périmètre de sécurité. Des barrages empêchent ainsi l’accès aux journalistes.
La confusion semble régner dans les rues du Caire. La police et l’armée n’hésitent pas à tirer à balles réelles et à faire usage de bombe lacrymogène pour disperser les foules, selon des témoins. « J’ai vu de mes propres yeux des gens sur lesquels on a tiré », a déclaré l’un d’eux, rapporte Le Parisien. D’après ce témoin, les forces de l’ordre veulent nettoyer les rues, tout particulièrement mettre un terme aux sit-in qui se tiennent devant les bâtiments officiels.
Il a ajouté que les forces de l’ordre avaient ensuite poursuivi de nombreux manifestants. « Ils veulent faire partir les manifestants » qui ont affirmé dimanche qu’ils poursuivraient leur sit-in « pour une durée illimitée », avait estimé un autre manifestant.
Manifestations des uns, répression des autres
Vendredi, exactement au même endroit, quatre autres pro-Morsi avaient été tués dans des échanges de tirs avec l’armée. Les morts s’accumulent, et le bilan risque encore de s’alourdir. Depuis le coup d’Etat militaire contre Mohamed Morsi, ses partisans se mobilisent quotidiennement pour que ce dernier, premier président élu démocratiquement en Egypte, soit libéré et revienne au pouvoir. L’arrestation du guide suprême de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d’autres personnalités, ont fait monter d’un cran la colère des manifestants déjà bien aiguisée.
La manifestation et les violences de ce lundi interviennent au lendemain d’un rassemblement de milliers d’opposants à Mohamed Morsi. Les deux clans rivalisent dans les rues du Caire et dans l’ensemble du pays, notamment à Alexandrie, la deuxième ville. Les anti-Morsi s’étaient rassemblés en masse pour montrer à leur adversaire que le Président Morsi n’était plus légitime à occuper le plus haut poste de l’Etat et qu’en le destituant, l’armée n’a fait que répondre à la demande de la rue.
Président cherche Premier ministre
La nomination par l’armée d’Adly Mansour à la Présidence par intérim n’a visiblement pas calmé les esprits. Bien au contraire, les islamistes n’acceptent pas qu’il ait pris la place de leur dirigeant. Ils parlent désormais de massacres.
Le parti salafiste al-Nour, partenaire islamiste d’une coalition de laïque, s’est retiré ce lundi de la table des négociations suite au « massacre » de l’armée devant la Garde nationale. Il s’est, par ailleurs, opposé à la nomination confuse ce week-end du prix Nobel de la paix, Mohamed El Baradei, comme Premier ministre. Le parti a également émis des réserves sur celle de Ziad Bahaa Eldin, jugé trop proche de la principale coalition des anti-Morsi.
Le prochain chef du gouvernement aura en tout cas la lourde tâche de rehausser une économie en chute libre, mais aussi et surtout de réussir le nouveau défi qu’est la réconciliation nationale. Alors que Mohamed Morsi est toujours détenu dans un endroit tenu secret par l’armée, ses fidèles et ses détracteurs continuent de prendre possession de la rue. Dans ce contexte, de nouveaux « massacres » et autres drames peuvent avoir lieu à tout moment…