L’économie et la sécurité seront les priorités du nouveau gouvernement égyptien, a annoncé jeudi le Premier ministre Hicham Qandil. Depuis la révolution, qui a conduit au départ de Hosni Moubarak, l’économie du pays s’est effondrée. Et l’insécurité est de mise.
L’économie et la sécurité. Deux dossiers prioritaires pour le nouveau gouvernement de Hicham Qandil. Ce dernier a annoncé jeudi, lors d’une conférence de presse, qu’une réunion aura lieu samedi pour examiner les mesures à prendre. Son équipe est composée de 35 ministres. Ils ont prêté serment jeudi soir devant le président Mohamed Morsi. Un gouvernement qui n’a pas été vraiment chamboulé. Le Maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, au pouvoir à la chute de Hosni Moubarak, reste ministre de la Défense. Plusieurs autres ministres du gouvernement précédent conservent également leur fauteuil. Mohammed Kamel Amr reste ministre des Affaires étrangères et Momtaz al-Saïd celui des Finances.
Pour Hicham Qandil, ce gouvernement est avant tout représentatif de la société égyptienne. « Nous sommes le gouvernement du peuple. Nous ne représentons pas tel ou tel courant », a-t-il déclaré. « Chrétien copte, musulman, salafiste […] Nous ne voyons pas cela. Tout ce que nous voyons, ce sont des citoyens égyptiens ». Il a aussi rappelé que « ce gouvernement était attendu depuis longtemps et sa mission est de réaliser les objectifs de la révolution : pain, liberté, justice sociale ». Mais le Premier ministre est conscient que de multiples défis sont à relever pour redresser le pays.
Une économie moribonde
Depuis la chute de Hosni Moubarak, l’économie est très mal au point. Le déficit budgétaire a explosé. Les dettes intérieure et extérieure sont colossales. Le tourisme, secteur autrefois important de l’économie, s’est effondrée. Les investissements étrangers ont chuté. Sans compter le taux de chômage, toujours très élevé, notamment chez les jeunes. Avec 80 millions d’habitants, l’Egypte est le pays le plus peuplé du Monde arabe. Mais une grande partie de la population vit dans la précarité. Pour Tewfik Aclimandos, chercheur spécialiste de l’Egypte, conatcté par Afrik.com, « au moins un million d’emplois doit être créé par an. L’Egypte a besoin d’investissements étrangers. La révolution a été un véritable tremblement de terre pour le pays. Une situation qui a mis à mal le tourisme. Quand il y a une révolution, les gens ne font plus de tourisme ».
Une Egypte pas apaisée
Les Egyptiens sont également préoccupés par l’insécurité qui gagne du terrain. La criminalité poursuit son ascension. « Il faut que la discipline revienne rapidement dans la rue », a indiqué le Premier-ministre qui veut en faire son cheval de bataille. Le gouvernement va également devoir se pencher sur le dossier copte. Les affrontements entre musulmans et chrétiens coptes ne sont pas rares dans le pays. Pas plus tard que le jeudi 26 juillet, des heurts ont à nouveau éclaté entre des membres des deux communautés, dans un village proche du Caire, faisant au moins un blessé. Les coptes représenteraient, selon les estimations, 10% de la population égyptienne, soit entre 7 et 8 millions de personnes. Ces dernières années, ils ont été, à plusieurs reprises, victimes d’attaques meurtrières. En octobre 2011, 17 manifestants coptes avaient été tués lors d’affrontements avec les forces de l’ordre durant une marche de protestation contre l’attaque d’une Eglise par des islamistes radicaux dans la province d’Assouan.
L’après-Moubarak est donc loin d’être assuré. Les nouvelles autorités vont devoir repartir à zéro pour reconstruire le pays. Les élections présidentielles se sont déroulées dans de bonnes conditions. Mais plus d’un an après la révolution, l’Egypte n’est pas apaisée. Les Egyptiens, eux, attendent des résultats pour améliorer leur quotidien.
Egypte : l’après Moubarak reste incertain