Au moins soixante-dix manifestants et un policier ont été tués, ce vendredi, dans des heurts entre forces de l’ordre et manifestants pro-Morsi. La chancelière allemande, Angela Merkel, et le Président français François Hollande, s’entretiennent cet après-midi au sujet de la situation.
Le « vendredi de la colère », comme l’ont surnommé les manifestants pro-Morsi, s’annonce dramatique. De nouvelles échauffourées ont éclaté à quelques minutes du départ des cortèges, après la prière du vendredi. A Ismailiya, sur le canal de Suez, on compte déjà quatre morts dans les rangs des islamistes. Un policier a aussi perdu la vie dans une embuscade dans la capitale, Le Caire, malgré la fermeture par l’armée des principales artères de la ville. Selon le ministère de l’Intérieur cité par Reuters, au moins soixante-dix personnes sont mortes aujourd’hui, dont au moins 27, près de la place Ramses.
Le gouvernement transitoire a donné jeudi l’autorisation aux policiers de tirer sur les manifestants qui se montreraient violents, en appui aux militaires qui n’ont pas eu besoin d’attendre l’aval du gouvernement pour ouvrir le feu. Résultat, près de 600 personnes sont tombées sous les balles, après un décompte fait ce jeudi. Les Frères musulmans ont évoqué 2 200 morts et plus de 10 000 blessés. Un véritable bain de sang qui pourrait se poursuivre tout au long de cette journée de vendredi.
Néanmoins, la sanglante répression de mercredi n’a pas empêché les Frères musulmans d’appeler les fidèles à Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet dernier, un an après son élection démocratique, à converger « pacifiquement » et « par millions », après la grande prière du vendredi vers la place Ramsès, dans le centre du Caire.
Réunions d’urgences
Dans un même temps, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le dirigeant français, François Hollande, se sont entretenus par téléphone dans l’après-midi de ce vendredi. Une conversation avec pour seul et unique thème : l’Egypte. Ce sera ensuite au tour de David Cameron, le Premier ministre britannique, de s’entretenir avec le Président français, en fin d’après-midi. De manière générale, ce sont les représentants des 28 Etats membres de l’Union européenne qui se réuniront lundi à Bruxelles pour faire le point sur la crise en Egypte, en vue « de possibles actions ».
Alors que les ambassadeurs d’Egypte en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne étaient convoqués jeudi par les ministres des Affaires étrangères de chacun de ces pays, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est concerté à huis clos. Pour l’heure, aucune « déclaration officielle » n’a été faite par le Conseil. Seulement des « commentaires » retransmis à la presse par la présidente argentine du Conseil, Maria Cristina Perceval. Les 15 pays réunis ont « déploré les pertes humaines » et souhaitent la fin de la violence et le retour au progrès vers la « réconciliation nationale ».
Etat d’urgence
La situation est « très, très, très inquiétante », a commenté le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui s’exprimait ce vendredi sur les ondes de la radio RTL. « Quand vous mettez bout à bout, même s’il ne faut pas tout confondre, ce qui se passe en Syrie, en Egypte, au Liban, en Irak, et l’incidence que ça peut avoir sur le conflit israélo-palestinien (…), c’est effectivement très, très, très inquiétant », a souligné le chef de la diplomatie française. « L’Egypte est un pays absolument déterminant dans le monde arabe », a ajouté le ministre. En effet, le pays du Nil est le plus peuplé des pays arabes. La plus haute autorité religieuse sunnite est établie en Egypte.
L’état d’urgence a été décrété pour un mois. Un couvre-feu a été imposé dans la moitié du pays. Le « vendredi de la colère » deviendra-t-il le « vendredi de la tuerie » ?