Les Emirats Arabes Unis ont annoncé dimanche dernier la signature d’un accord d’aide financière supplémentaire de 1,9 milliard de dollars avec l’Egypte. Fruit de la visite du Premier ministre Hazem el-Beblawi à Abu Dhabi, il porte à 4,9 milliards de dollars la part émiratie dans l’aide totale de 12 milliards promise par les pays du Golfe au gouvernement intérimaire, après le renversement de Morsi.
Le gouvernement intérimaire égyptien a la cote au Golfe. L’augmentation de l’aide financière émiratie arrive effectivement peu de temps après la décision du Koweït d’étendre à 5 ans -et non 1 an initialement prévu- la période de remboursement de son dépôt de 2 milliards de dollars auprès de la Banque centrale égyptienne. Essentielle pour la relance de l’économie égyptienne en crise depuis la révolution de 2011, l’aide financière accordée par les pays du Golfe a suivi les turbulences politiques du pays. Le Qatar, un des principaux soutiens de la confrérie, a exigé en septembre dernier le remboursement de son dépôt de 2 milliards de dollars -sur les 8 milliards accordés- alors que des négociations étaient en cours pour les transformer en bons nationaux. Favorables à une politique répressive contre les Frères musulmans, l’Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats avaient eux annoncé un soutien de 12 milliards de dollars en prêts, subventions et pétrole, dès le renversement du Président Morsi. 7 milliards auraient déjà été distribués à ce jour.
Un excès de confiance ?
Fort du soutien apporté par le Golfe, le gouvernement intérimaire affiche depuis peu une volonté claire de s’isoler des organismes et autres donateurs internationaux. Des négociations avec le FMI pour un prêt de 4,8 milliards de dollars se heurtent depuis deux ans à l’absence de réformes structurelles exigées par le Fonds. Ces dernières s’avéreraient particulièrement douloureuses politiquement telles l’abandon des subventions pour le prix de l’essence. Signe de cette méfiance, le gouverneur de la Banque centrale égyptienne et le ministre des Finances ont récemment laissé à l’ambassadeur égyptien aux Etats-Unis le soin d’assister à leurs réunions avec le FMI. Le ministre des Finances, Ahmed Galal a d’ailleurs expliqué, début octobre, que l’Egypte n’avait plus besoin de prêt du FMI puisqu’il n’était plus nécessaire d’entretenir la confiance des donateurs internationaux. Cette dernière avait déjà été mise à mal par l’annonce américaine de la réduction de l’aide militaire accordée chaque année à l’Egypte, faute de politique inclusive avec les Frères musulmans. Jouer la carte des pays du Golfe permet ainsi au gouvernement intérimaire plus de flexibilité dans son allocation, ces derniers jetant un regard beaucoup moins inquisiteur sur les réformes en cours. Mais cela conforte aussi sa politique répressive contre la confrérie.
Le 22 octobre, un nouveau plan de relance de 29,7 milliards de livres égyptiennes –soit près de 3 milliards d’euros- a été annoncé par Ahmed Galal. 18 milliards sont destinés à augmenter le revenu minimum des fonctionnaires, une mesure populaire éloignée des préoccupations de restrictions budgétaires et contrôle de la dette publique prônées par le FMI.