Le renforcement des pouvoirs du président Mohamed Morsi a provoqué une vague de protestation dans le pays. Les manifestations se multiplient sur la place Tahrir. L’Egypte connait sa plus grave crise politique depuis l’arrivée des Frères musulmans à la tête du pays.
La colère gronde de nouveau en Egypte. Cette fois-ci c’est Mohamed Morsi en personne qui la suscite depuis la publication d’un décret vendredi qui renforce ses pouvoirs. Il s’est octroyé le droit de « prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution », qui a conduit à la démission de Hosni Moubarak, le 11 février 2011. Pour le camp Morsi, cette mesure permettra de stabiliser la transition démocratique. Pour l’opposition, c’est au contraire une menace pour la bonne marche de la démocratie et un coup d’Etat, remettant en cause la révolution. Mohamed Morsi a également décidé qu’aucune instance judiciaire ne pourrait dissoudre la commission chargé de rédiger la Constitution, pointée du doigt en raison de la domination des Frères musulmans. Il doit recevoir ce lundi les membres du Conseil supérieur de la magistrature qui ont pris la tête de la contestation.
Pour le dirigeant égyptien cette mesure est nécessaire. L’objectif selon son porte-parole est d’assainir la vie politique égyptienne en mettant un terme à la corruption, en éradiquant tous les dignitaires de l’ancien régime d’Hosni Moubarak, et purgeant les institutions. « Cette déclaration est jugée nécessaire pour que ceux qui se sont rendus coupables de corruption ou d’autres crimes sous l’ancien régime et la période de transition puissent rendre des comptes », a déclaré dimanche Mohamed Morsi qui se dit prêt au dialogue avec tous les partis politiques. Il a également insisté, affirmant que cette situation est « provisoire ».
« Les frères musulmans sont pires que l’ancien régime »
Seulement les Egyptiens ne l’entendent pas de cette oreille. « Le nouveau pharaon d’Egypte », est le surnom » qu’ils ont donné à Mohamed Morsi. Plusieurs centaines de manifestants sont descendus vendredi sur la place Tahrir pour protester contre l’accroissement des pouvoirs du chef d’Etat. Les partisans de Mohamed Morsi ont aussi manifester pour le soutenir. Ils se sont violemment confrontés dimanche aux manifestants qui se sont opposés au président égyptien à Damanhour, au sud d’Alexandrie. Un jeune islamiste a été tué dans les heurts. Les rassemblements se sont tenus à travers tout le pays. L’opposition a appelé à manifester ce mardi contre le dirigeant.
« Il y a un très grand désenchantement vis-à-vis des Frères musulmans. Jamais ils n’ont été si impopulaires dans le pays », selon Tewfik Aclimandos, chercheur spécialiste de l’Egypte, contacté par Afrik.com. « Il y a deux types de contestation à leur encontre. La classe moyenne égyptienne conteste pour le manque de démocratie dans le pays et le reste du pays à cause de l’état piteux de l’économie ». Selon le chercheur, « les Frères musulmans sont loin d’être un parti politique démocratique ». Pis, il estime que « leur présence au pouvoir est encore pire pour l’Egypte que l’ancien régime. L’ancien régime ne se permettait pas autant de dérives que les Frères musulmans ».