Le livre égyptien se porte mal, très mal. Les éditeurs imputent cette situation à la censure et à la baisse du pouvoir d’achat. La vente des livres a chuté de plus d’un tiers en un an.
La foire du livre a été placée, cette année, sous le thème de » la modernisation de l’Egypte « . La censure s’est imposée comme principal thème de cette foire. C’est l’organisation égyptienne des droits de l’Homme qui a dévoilé la censure de deux romans de l’écrivain marocain Mohamed Choukri ainsi que trois titres de la romancière égyptienne Nawal Al-Saadaoui. Au total, 12 titres ont été ainsi mis à l’index. La réaction des écrivains ne s’est pas fait attendre. » Je suis contre la censure des livres. Pour moi, cette foire devrait s’appeler l’arriération de l’Egypte, et non la modernisation de l’Egypte « , s’insurge l’écrivain Ibrahim Abdel-Méguid.
Morale, politique et libre pensée
Liste noire. Sous la pression de la très conservatrice Université Al-Azhar, le ministère de la Culture a censuré trois romans, publiés par la maison d’édition étatique » Les Palais de la Culture « , jugés trop licencieux. Le propriétaire de Dar Al-Adab (Maison de la littérature), Nabil Naufal a raconté à Al-Ahram-hebdo comment les services douaniers triaient » les bons livres « . Froid constat de l’homme de lettres : » Les livres ont été saisis dans les aéroports ou les ports, ils regardaient le nom de l’auteur seulement. Ce qui a amené à des aberrations totales : on m’a retiré, par exemple, l’autobiographie de Nawal Al-Saadaoui, alors qu’elle est publiée en Egypte aux éditions Al-Hilal ! « .
Les autorités avaient tablé sur quatre millions de visiteurs, un chiffre qu’elles seront obligées de revoir à la baisse. Le ministre de la Culture continue de justifier » les choix politiques » de son ministère et évite de parler de censure. Un » choix politique » débouchant sur l’interdiction d’un livre constitue pourtant une excellente définition du mot » censure « .