Le pouvoir militaire a annoncé son intention de quitter le pouvoir en cas de victoire d’un candidat au premier tour de la présidentielle, après les affrontements meurtriers au Caire qui ont fait 20 morts mercredi.
L’armée s’est engagée à rendre le pouvoir aux civils si l’un des candidats est élu dès le premier tour de la présidentielle qui se tiendra les 23 et 24 mai, a annoncé mercredi le chef d’état major Sami Anan, selon la télévision publique. « Nous étudions une remise du pouvoir le 24 mai en cas de victoire d’un (candidat) au premier tour de l’élection », a-t-il indiqué. Membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA), Hosni Moubarak, qui a démissionné le 11 février 2011, lui avait remis le pouvoir suite au soulèvement populaire contre son régime. Les militaires égyptiens avancent ainsi la date de leur départ du pouvoir, initialement prévu en juin, après le second tour de la présidentielle.
Cette décision intervient après la mort de 20 personnes lors d’affrontements au Caire entre des manifestants qui réclamaient, depuis plusieurs jours, le départ des militaires et d’autres assaillants non identifiés. Ces derniers sont soupçonnés d’être des forces de l’ordre, déguisés en civils, qui auraient reçu du pouvoir l’ordre de mâter la manifestation. Les deux camps se sont renvoyés des jets de pierres et cocktails molotov durant des heures.
Les partisans du salafiste Hazem Abou Ismail, dont la candidature à l’élection présidentielle a été rejetée la semaine dernière par la commission électorale, ont participé aux affrontements. Ils tenaient un sit-in depuis samedi pour protester contre l’exclusion de leur candidat à la course présidentielle.
« Un massacre »
Suite à ces violences, les réactions ont été vives dans le pays. Quatre candidats ont interrompu leur campagne : Mohamed Morsa pour les Frères musulmans, l’islamiste Abdoul Foutouh, et les candidats de gauche Aled Ali et Hamdeen Shabahi. Amr Moussa, l’ex-chef de la Ligue arabe, l’un des favoris au scrutin, a estimé que les violences de mercredi sont « la preuve qu’il faut mettre fin à la transition ». De son côté, l’opposant Mohamed ElBaradei, qui n’est pas candidat à la présidentielle, a dénoncé « un massacre » sur son compte Twitter. Selon lui, « l’armée est incapable de protéger les civils ou est de mèche avec les voyous ! » Les Etats-Unis ont également exprimé leur préoccupation concernant « les récents actes de violence en Egypte », réclamant l’ouverture d’une enquête.
Cette présidentielle, dont la campagne a débuté officiellement lundi, est une première dans le pays, plus d’un an après la chute du régime de Hosni Moubarak. Le Parlement dominé par les Frères musulmans doit trouver un terrain d’entente avec l’armée pour la rédaction de la nouvelle Constitution. Mais les relations houleuses entre les deux camps sont source de tension en Egypte.