L’armée a appelé ce lundi les Egyptiens à cesser les grèves. Elle a rencontré un groupe de militants qui avait participé à la contestation contre le régime de l’ancien président Hosni Moubarak. Après le départ du raïs vendredi, c’est désormais elle qui gère les Affaires publique. Elle a suspendu la Constitution et dissout le parlement dimanche.
Rétablir l’ordre est la priorité de l’armée. Chargée de gérer les affaires publiques, après la démission du raïs vendredi, elle a appelé lundi les citoyens et syndicats à cesser les grèves et les protestations sociales, au moment où les mouvements sociaux prennent de l’ampleur. Elle a aussi rencontré un groupe de cyber-militants qui avait participé au lancement du mouvement de contestation contre Hosni Moubarak, pour discuter des réformes démocratiques. Le Conseil suprême militaire a commencé à démanteler les institutions de l’ancien régime en annonçant dimanche, sur la télévision publique, la dissolution du Parlement, la suspension de la Constitution, ainsi que la création d’une commission pour l’amender et organiser un référendum sur ces changements. Le Conseil a aussi précisé qu’il restera à la tête du pays provisoirement durant six mois pour assurer la transition.
Toutes ces mesures prises par l’armée, qui signent la fin de l’ère Moubarak, faisaient partie des revendications des manifestants qui ont poussé l’ancien chef d’Etat à quitter le pouvoir. Le Premier ministre Ahmad Chafic, chargé des affaires courantes, a réuni son gouvernement dimanche pour la première fois depuis son départ. Il a affirmé que « sa priorité était de restaurer la sécurité et de faciliter la vie quotidienne de la population ». Il a notamment démenti les supputations concernant le départ à l’étranger de Hosni Moubarak en assurant qu’il était toujours à Charm el-Cheikh, une station balnéaire égyptienne sur la mer Rouge.
Israël et les Etats-Unis inquiets
Israël n’a pas manqué de souligner son inquiétude face aux troubles qui secouent le monde arabe. Le premier ministre Benyamin Netanyahou a déclaré ce lundi que l’armée était « prête à toutes les éventualités, au moment où un tremblement de terre secoue tout le monde arabe », lors de la cérémonie d’intronisation du nouveau chef d’état-major, Benny Gantz.
Mais l’armée égyptienne a réitéré son intention de respecter les accords de paix israélo-égyptiens signés en 1979 qui font du Caire un partenaire incontournable des efforts de paix dans la région. Un message destiné à apaiser les craintes des Américains et des Israéliens.
Bien que les manifestants aient obtenu le départ du raïs, le pays n’est pas prêt à connaître le repos. Près de 400 policiers ont à leur tour défilé dimanche devant le ministère de l’Intérieur pour réclamer des hausses de salaires et l’exécution de leur ancien ministre, Habib el-Adli, révoqué fin janvier sous la pression de la rue. Les forces de l’ordre, pointées du doigt pour corruption et méprisées par une grande partie de la population, ont assuré qu’elles avaient reçu des directives pour réprimer avec brutalité les manifestations.
Au Caire, la vie reprend peu à peu ce lundi sur la place Tahrir, qui constituait le point névralgique de la mobilisation. Seule une poignée de personnes refusait de quitter les lieux, réclamant la levée de l’état d’urgence et la libération des manifestants arrêtés. Mais une source militaire a indiqué qu’un décret interdisant les réunions syndicales et corporatives devrait être publié ce lundi. Une façon pour l’armée de mettre le pays au pas.