Pour la première fois de leur histoire, les Egyptiens ont suivi un débat présidentiel retransmis jeudi à la télévision. Les deux favoris au scrutin, Amr Moussa et Abdel Moneim Aboul Fotouh, ont débattu durant quatre heures. Une première depuis la chute du régime de Hosni Moubarak.
Le débat présidentiel télévisé, qui a opposé jeudi l’ancien chef de la Ligue arabe et ex-ministre des Affaires étrangères Amr Moussa et l’islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Fotouh, est entré dans l’histoire de l’Egypte. Retransmis sur deux chaînes privées, ONTV et Dream à 20 heures, les deux hommes, favoris du scrutin, se sont envoyés des piques durant quatre heures. Une première depuis la chute du régime de Hosni Moubarak, contraint à la démission le 11 février 2011, suite au soulèvement populaire.
Plusieurs sujets ont été mis sur la table, notamment la question de la charia ainsi que la politique à mener vis-à-vis d’Israël. Ils se sont engagés à réexaminer le traité de paix conclu en 1979 avec Israël, qualifié « d’ennemi » par Aboul Fotouh et « d’adversaire » par Amr Moussa.
Vif débat
Les échanges entre les deux concurrents ont parfois été très virulents : « Vous avez travaillé pour le compte d’un groupe, les Frères musulmans, pas pour l’Egypte en tant que nation », a lancé Amr Moussa à Aboul Fatouh, qui a quitté sa formation il y a un an. Mais la riposte de ce dernier a été cinglante : « Il y a une règle selon laquelle celui qui a un jour fait partie du problème ne peut pas le résoudre ».
Amr Moussa a rappelé pour sa part qu’il avait quitté le ministère des Affaires étrangères en 2001 : « Le régime qui est tombé, est tombé sans Moussa. Je pense que vous aussi, vous étiez trop silencieux. Vous défendiez les positions des Frères musulmans et non les intérêts des Egyptiens ». L’ancien diplomate de la Ligue arabe a également accusé son adversaire, qui se présente comme le candidat du rassemblement, de manier le double langage pour s’assurer le soutien des salafistes et libéraux. « Avec les salafistes, il se présente comme salafiste. Avec les libéraux, il est libéral. Avec les centristes, il est centriste », a-t-il martelé, avant de se présenter comme l’homme dont l’Egypte a besoin pour traverser sa « crise existentielle ».
Un débat salué par les Egyptiens
Des Egyptiens qui suivaient le débat dans un café au Caire ont salué l’initiative. « Les débats décident des vainqueurs aux Etats-Unis. Nous voulons la même chose en Egypte », a indiqué à l’AFP Ahmed Hussein, un étudiant qui votera pour Aboul Fotouh. « C’est une bonne chose pour les gens de regarder et de se forger une opinion », a estimé Hassan Abdel Aal qui a décidé de glisser dans l’urne un bulletin pour Amr Moussa.
Le premier tour de l’élection présidentielle qui oppose les treize candidats est fixé aux 23 et 24 mai. Le second tour aura lieu en juin. Parmi les candidats, figurent Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, Hamdine Sabahy, candidat de la gauche et l’ancien Premier ministre Ahmed Chafiq, qui arriverait en troisième position selon les sondages après Amr Moussa et Abdel Moneim Aboul Fotouh.
Le Conseil suprême des Forces armées (CSFA), au pouvoir en Egypte depuis la chute de Hosdni Moubarak, s’est dit prêt à passer la main aux civils d’ici le 1er juillet, une fois que le nouveau président sera élu. Le Parlement dominé par les Frères musulmans doit trouver un terrain d’entente avec l’armée pour la rédaction de la nouvelle Constitution. Mais les relations houleuses entre les deux camps sont sources de tensions en Egypte.
Le débat en vidéo
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