Après de jours d’intenses négociations entre différentes formations politiques, l’Egypte s’est dotée ce 9 juillet d’un nouveau Premier ministre. Agé de 76 ans, Hazem el-Beblaoui devrait s’efforcer de relever un certain nombre de défis sur le plan économique et rassembler un pays fortement divisé entre pro et anti-Morsi
Une nomination qui ne fait pas l’unanimité en Egypte. Il a fallu plusieurs jours de négociations pour pouvoir trancher. Hazem el-Beblaoui, économiste égyptien, âgé de 76 ans, a finalement été nommé Premier ministre de l’Egypte. Alors que le candidat modéré, Mohamed el-Baradei était pressenti pour occuper ce poste en pleine crise politique.
Technocrate et expert en économie, el-Beblaoui a déjà fait ses preuves dans le monde de la finance. Il avait dirigé le département d’économie de la Banque Industrielle du Koweït et présidé la Banque égyptienne de Développement pendant 12 ans. Hazem el-Beblaoui a également été Vice-secrétaire général de la Commission économique et sociale des Nations-unies pour l’Asie de l’Ouest et un conseiller du Fond monétaire Arabe.
Des postes clés qu’il a occupés bien avant son implication dans la vie politique égyptienne en 2011, date à laquelle il a été nommé ministre des Finances dans le gouvernement de l’ex Premier ministre Essam Charaf. Mais Hazem el-Beblaoui ne reste pas longtemps sur son poste et soumet à la Cour suprême des forces armées égyptiennes une lettre de démission en octobre, à la suite du massacre de Maspero. Celle-ci décline sa proposition de démission. Hazem el-Beblaoui est obligé de rester à son poste jusqu’en Décembre.
Les pays du Golf réagissent favorablement
Une nomination qui arrive à point nommé, en une période fortement marquée par une crise politique sans précédent, qui a conduit à l’éviction récente de Mohamed Morsi, ancien Président. Hazem el-Beblaoui est conscient de l’ampleur de la tâche qui l’attend. Il doit s’efforcer à faire l’unanimité. Même si sa nomination trouve un écho favorable au sein de la Communauté internationale, notamment chez les voisins du Golf. L’Arabie Saoudite et les Emirats ont déjà octroyé une importante enveloppe de 8 milliards de dollars. Le Koweit promet pour sa part d’apporter un soutien financier à hauteur de 3 milliards de dollars.
«Nous rejetons tout ce qui émane de ce coup d’Etat militaire»
D’une part, certains égyptiens, notamment les fervents partisans laïcs, auraient préféré Mohamed el-Baradei et critiquent l’âge avancé de l’actuel Premier ministre. Ils exigent que le gouvernement transitoire se distancie de la Constitution sur laquelle est calqué l’essentiel du décret annoncé ce 9 juillet. Une Constitution qui, selon eux, avait été adoptée en décembre par le Président Morsi.
D’autre part, le nouveau gouvernement devrait faire revenir le parti Al-Nour à la table des négociations. Le parti islamiste avait refusé de participer au processus électoral lundi 8 juillet pour protester contre le massacre des partisans de Mohamed Morsi. « Nous avons décidé de nous retirer immédiatement des négociations en réponse au massacre qui a eu lieu devant la Garde républicaine », avait déclaré sur Tweeter, Nader Baqqar, porte-parole du parti.
La déclaration, ce mercredi, de Tareq al-Morsi, porte-parole du mouvement islamiste est sans équivoque: « Nous ne pactisons pas avec des putschistes. Nous rejetons tout ce qui émane de ce coup d’Etat militaire».
Aujourd’hui, même si le soutien financier des pays du Golf peut permettre de redresser une économie égyptienne à bout de souffle, le principal défi pour le nouveau Premier ministre reste de rassembler un pays divisé en deux. La mission s’annonce d’ores et déjà très rude.