Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues du Caire, ce vendredi, pour réclamer le retour de Mohamed Morsi au pouvoir. Les partisans de ce dernier renversé par l’armée ne se sont pas encore avoués vaincus.
Les partisans de Mohamed Morsi n’abdiquent pas! Ils sont plusieurs dizaines de milliers à être descendus dans les rues du Caire, ce vendredi, pour réclamer le retour au pouvoir du Président renversé par l’armée, il y a deux semaines. Pourtant, le chef de l’Etat de transition, Adly Mansour, les a mis en garde contre « tout recours à la violence.» Mais ils ont fait la sourde oreille, bien décidés à « briser le coup d’Etat ».
Minutieux dans leur organisation, les protestataires n’ont pas fait les choses à moitié. A l’appel des Frères musulmans, les cortèges sont partis de dix-huit mosquées du Caire. Ils ont convergé dans l’après-midi vers deux sites que les islamistes occupent depuis près de trois semaines : la mosquée Rabaa al-Adawiya dans un faubourg au nord-est de la capitale et les abords de l’Université du Caire, dans le quartier de Guizeh, plus proche du centre-ville, rapporte Le Parisien. «Où sont passés nos votes?», scandait la foule, pour rappeler que Mohamed Morsi a été élu démocratiquement, en juin 2012, pour diriger le pays.
Les manifestations ont eu lieu un peu partout dans le pays, notamment en province, à al-Arich, dans le nord du Sinäï, Marsa Matrouh, dans le nord-est du pays, Beni Suef, et Minya en Moyenne Egypte, selon la télévision publique. La place Tahrir n’a pas été en reste. Des militants Frères musulmans s’y sont également rassemblés pour soutenir le chef d’Etat déchu. Certains d’entre eux se sont regroupés vers le Palais présidentiel.
Les Frères musulmans tiennent le coup
La tension est toujours vive dans le pays entre pro et anti-Morsi. Les affrontements entre les deux camps ont fait plus d’une centaine de morts en quelques jours. Certains observateurs craignaient même que le pays sombre dans la guerre civile. Face à la situation, le Président de transition, Adly Mansour, a, dans un discours télévisé jeudi soir, promis de mener « la bataille pour la sécurité jusqu’au bout », rapporte l’agence de presse officielle égyptienne Mena. Un signal envoyé aux pro-Morsi qui ont bien l’intention de poursuivre les manifestations pour obtenir gain de cause : le retour du dirigeant déchu au pouvoir. Ce dernier est pour le moment toujours détenu par l’armée, qui affirme vouloir le protéger. Mais les Etats-Unis et l’Union européenne ainsi que le Premier ministre turc, Erdogan, ont exigé sa libération. L’armée qui fait la sourde oreille.
En attendant, les Frères musulmans campent sur leurs positions pour que le fauteuil présidentiel soit restitué à leur candidat. Dans une interview accordée à Afrik.com le 5 juillet 2013, Masri Feki, essayiste natif du Caire, Chercheur en géopolitique à l’Université Paris 8, affirme que la confrérie se remettra de ce coup dur, contrairement à ceux qui pensent qu’elle ressortira de cette épreuve affaiblie : « Je ne pense pas que la confrérie des Frères musulmans soit affectée. Elle a connu pire avec les régimes de Nasser et El Sadate qui menaient des vagues d’emprisonnement contre ses membres».
En revanche, selon Masri Feki, « le parti politique des Frères musulmans, le parti Justice et Liberté, risque l’implosion comme n’importe quel parti d’ailleurs, après un coup d’Etat ou la défaite d’une élection. Sans compter que beaucoup de responsables des Frères musulmans risquent d’être traduits en justice. C’est sûr que le parti va être affaibli, note le politologue. Mais les Frères musulmans eux resteront un mouvement majeur dans la vie politique égyptienne. C’est un mouvement qui date de très longtemps et qui a une place prépondérante dans le pays. Il compte en effet de nombreux adeptes ».