Le ministre de la justice, Mahfoudh Saber a présenté officiellement sa démission suite à ses déclarations controversées visant une certaine catégorie sociale. Selon lui, le poste de magistrat est réservé à une élite et ne peut être confiée à un « fils de balayeur », ce qui a provoqué un tollé en Egypte.
Le chef du gouvernement égyptien, Ibrahim Mahlab, a accepté, lundi, la démission de son ministre de la Justice après les propos ségrégationnistes de ce dernier. Samedi dernier, sur le plateau de la chaîne Ten Tv, le ministre de la Justice Mahfoudh Saber a affirmé que la fonction de magistrat était réservée à une certaine élite, le métier est « prestigieux et il a un certain statut », le candidat doit venir d’un « milieu respectable ». Il a aussi estimé que la fonction de juge est trop « prestigieuse » pour être confiée à « un fils de balayeur ».
Ces déclarations ont déclenché des réactions outrées de l’opinion publique sur les réseaux sociaux. Les commentaires n’avaient pas tardé à pleuvoir, réclamant l’éviction du ministre.
Sur Twitter, un homme s’est indigné en déclarant que « le fils d’un balayeur ne peut pas travailler dans la magistrature, mais il peut mourir dans la Sinaï pour vous défendre ». L’armée mène une offensive dans cette péninsule de l’est de l’Egypte où des djihadistes appartenant à l’organisation Etat islamique (EI) tuent régulièrement des soldats dans des attentats.
Le syndicat des éboueurs n’a pas manqué de répondre aux propos du ministre, son président affirmant que ses fils avaient fait de meilleures études que les fils du ministre.
Le Premier ministre, de son coté, n’a pas tardé à réagir de Paris, où il se trouve pour une visite officielle de trois jours, en déclarant que « le gouvernement respecte toutes les composantes de la société et notamment ceux qui exercent des métiers manuels, qui contribuent à bâtir l’avenir du pays ». Il a aussi indiqué que le ministre démissionnaire lui a confié que sa déclaration n’était qu’un lapsus et qu’il a présenté sa démission par respect pour l’opinion publique.
Mohamed Elbaradei, ancien vice-président de l’Egypte et ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), n’a pas hésité à s’exprimer sur Twitter à ce propos : « quand un pays perd le sens de la justice sociale, il n’y a plus rien à espérer ».
En 2014, les candidatures de 138 aspirants à des fonctions au sein du parquet égyptien ont été refusées parce que leurs pères n’avaient pas de diplômes universitaires.