La parole est d’argent, le silence est d’or. Et c’est que semble incarner le Président d’Egypte par intérim, Adly Mansour, qui s’est éclipsé depuis que le pays est en ébullition. Mais de là à fermer les yeux, à boucher ses oreilles et à se bâillonner au moment où c’est le bain de sang en Egypte, il est légitime de se demander si les Egyptiens, ou du moins l’armée, n’a pas placé un fantôme à la tête du pays des Pharaons, au soir du 3 juillet de l’an 2013.
La dernière sortie du Président égyptien par intérim, Adly Mansour, remonte au jeudi 8 août dernier, jour de l’Aïd el-Fitr. Ce jour, contrairement aux menaces de son régime de la veille, il prônait l’apaisement. Adly Mansour appelait en effet les factions égyptiennes à dépasser leurs différends « pour ne pas rater le train de l’avenir ». Il avait tout de même pris le soin de rappeler que le gouvernement « avait tout fait pour éviter la violence, mais en vain ». Ce fut les derniers propos du Président égyptien par intérim.
Depuis que le bain de sang a été déclenché le 14 août en Egypte à ce jour, aucun propos du Président égyptien. Même les Présidents, en principe peu concernés par cette crise égyptienne, se sont prononcés. Si certains comme Barack Obama sont nuancés dans leur propos, des Présidents comme François Hollande, des Premiers ministres comme le Turc, Recep Tayyip Erdogan, ont assumé des positions pour condamner fermement les violences en Egypte. Ce dernier est allé jusqu’à accuser Israël d’être derrière le bain de sang en Egypte. Pendant ce temps, c’est bouche cousue chez celui qui est sensé présider aux destinées de l’Egypte, Adly Mansour. Et la parole est donnée, ou prise par Al-Sissi. Au fait, n’est-ce pas lui qui a perpétré le coup de force du 3 juillet dernier ayant entraîné la chute du Président démocratiquement élu, Mohamed Morsi ? Au moins lui, les Egyptiens savent qu’il existe et est bien vivant. D’autant qu’il le leur a montré.
Au moment où Abdel Fatah al-Sissi faisait savoir que « la police civile, et pas les militaires, mettra un terme à ces sit-in et nettoiera ces places » et lorsqu’il qualifiait les actes posés par les Frères musulmans de « terroristes », les Egyptiens ne savaient pas où se trouvait leur nouveau Président. Ils ne savaient pas où se trouvait celui qui leur avait promis de leur garantir paix et sécurité. Adly Mansour cautionne-t-il ce qui se passe en Egypte ? Condamne-t-il ce bain de sang ? Pourquoi n’a-t-il pas pris position ? Est-il sous la menace comme le démissionnaire El Baradei qui est allé se réfugier aux Etats-Unis ? Autant de questions qui sont encore restées sans réponse. Toujours est-il que, deux semaines après la tuerie du Caire qui a fait plus de 1 000 morts, dont une centaine de policiers et de militaires, le père de la Nation égyptienne, Adly Mansour, ne s’est toujours pas prononcé.