En Egypte, au moins 253 personnes ont été condamnées à la prison à perpétuité par contumace pour destruction de biens publics, en 2013.
La justice égyptienne a été de nouveau sans concession. Un tribunal militaire d’Alexandrie a condamné 253 personnes à la prison à vie par contumace, ce mardi 11 août 2015, pour destruction de biens publics, en 2013, rapporte l’agence de presse MENA. Deux cent trois autres prévenus ont été condamnés à des peines d’emprisonnement plus courtes, de cinq à quinze ans, et cinquante autres ont été acquittés. Selon l’agence de presse MENA, les 253 prévenus étaient accusés d’avoir incendié et pris d’assaut un poste de police et un autre bâtiment de l’administration dans le gouvernorat de Beheira, situé au nord-ouest du Caire. Des incidents qui ont eu lieu en août 2013, peu après le sanglant démantèlement de deux campements de protestation de partisans des Frères musulmans, au Caire.
Désormais, le pouvoir a élargi les compétences des tribunaux militaires qui peuvent aussi juger des civils accusés d’attaques contre des sites publics ou de blocage de routes. Les partisans du Président déchu Mohamed Morsi font souvent les frais d’une justice égyptienne implacable à leur encontre. De nombreux responsables Frères musulmans, la confrérie d’où est issue Mohamed Morsi, ont été emprisonnés et condamnés à de lourdes peines.
Mohamed Morsi, destitué le 3 juillet 2013 par l’actuel Président Abdel Fattah al-Sissi, qui était le chef des armées égyptiennes à l’époque, est toujours en détention. Il doit répondre d’au moins quatre chefs d’accusation, dont son implication dans le meurtre et l’enlèvement de policiers, dans l’attaque de postes de police, dans l’évasion collective d’une prison du Caire, durant le soulèvement de 2011 contre Hosni Moubarak et d’avoir commis ou incité aux violences lors de cette révolte populaire. En juin dernier, d’ailleurs, la justice égyptienne avait confirmé la peine de mort requise contre Mohamed Morsi,, provoquant une vague de condamnations à l’international. Washington n’avait en effet pas caché sa préoccupation face à un tel jugement, affirmant qu’il pourrait envenimer la situation sécuritaire en Egypte. Ce verdict est « politisé », avait déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait également estimé que « les peines résultantes de procès collectifs conduiraient à des effets négatifs, à long terme, sur la société égyptienne et sa stabilité ».
Le Président turc Recep Tayyp Erdogan, proche de l’ancien chef d’Etat égyptien, avait aussi sévèrement dénoncé le jugement. « C’est un massacre contre les droits fondamentaux et les libertés. Il est vital pour la paix sociale et la restauration de la stabilité en Egypte d’empêcher l’application du verdict de mort infligé à Mohamed Morsi », avait-t-il écrit dans un communiqué, appelant la communauté internationale à agir.
Les organisations de défense des droits de l’Homme comme Human Rights Watch ou encore Amnesty International critiquent régulièrement la justice égyptienne, l’accusant d’être partiale, notamment à l’encontre des pro-Morsi. Selon elles, le régime d’Abdel Fattah al-Sissi est pire que celui de Hosni Moubarak en matière du respect des droits de l’Homme…