Le présent article a pour finalité d’aborder le thème de la présence des noirs au Pérou du point de vue de l’intégration de ce groupe à deux éléments basiques de notre système éducatif, le curriculum, ses contenus d’une part et des textes scolaires et de leurs messages ethniques implicites d’autre part.
Dès lors, nous prétendons, contribuer à la notion de la communauté noire au Pérou en tant que minorité ethnique non intégrée, non seulement aux politiques générales de l’État, ou à ses plans de développement, mais aussi aux discours historico-éducatifs des écoles, dans une société qui n’a pas encore reconnu une partie d’elle-même, rendant impossible son intégration non seulement à ladite société, mais également au pouvoir politique et évidemment aux contenus éducatifs.
Le problème de l’intégration sociale dans tous ses sens est un problème d’égalité de chances de même qu’un problème d’égalité de présences, au sujet des contenus éducatifs offerts.
Notre réflexion se fera alors autour de la faible intégration des noirs dans les textes, aux curricula et à leurs contenus:
– Premièrement, nous observons que les contenus des curricula de nos écoles n’incluent pas les périodes des populations noires africains préalables à l’expansion européenne, c’est à dire leur état, leur situation et leurs cultures antérieures. Ils ne mentionnent pas non plus la traite, les captures, le commerce et le transfert traumatique dans les bateaux négriers. Ils segmentent ainsi l’histoire de la formation de la population afropéruvienne, qui malgré ses origines forcées dans toute l’Amérique a débuté par des générations de noirs africains qui avaient déjà des cultures particulières élaborées très longtemps avant leur capture et leur transfert en Amérique, contrairement à ce que l’on prétend démontrer dans les textes.
– De la période coloniale est minimisé le rôle économique ardu joué par les noirs au Pérou, autant dans les haciendas que dans les grandes villes de la côte ; leur inlassable soif de liberté et leurs contributions autant du point de vue de la culture que de l’histoire, la religiosité, les arts, le folklore, l’alimentation et de nombreuses autres coutumes quotidiennes des péruviens contemporains.
– La participation active des noirs à et pour l’indépendance n’est pas non plus exprimée, comme ce fut le cas des Hussards de Junin, et encore moins durant les conflits entre royalistes et indépendantistes, conservateurs et libéraux pour recruter les esclaves qui combattirent au cours des guerres et construisirent une partie de cette liberté dont nous jouissons tous aujourd’hui.
– Dans la République n’est pas mentionné dans les textes le véritable caractère économique de l’abolition de l’esclavage, ni la participation militaire postérieure des noirs à la guerre du Pacifique , y compris même le monitor Huáscar .
– Plutôt que d’apparaitre de manière centrale à une certaine époque: la colonie, et avec le rôle des esclaves , ils disparaissent par la suite de cette «histoire officielle» durant toute la République, jusqu’à l’obtention de la «liberté», point auquel ils disparaissent immédiatement de notre «histoire pour les élèves» jusqu’à nos jours.
– En majorité, autant les programmes officiels que les textes scolaires coïncident dans une image extrêmement réduite, fausse et pauvre de la population d’origine afropéruvienne.
– A partir de cette réalité se révèle la nécessité de prendre les ethnicités comme le point de départ pour l’élaboration des programmes, textes scolaires au Pérou, puisque aucune présence ethnique n’apparait ou ne disparait dans une histoire à la dynamique ininterrompue et aucun texte ou programme ne répond adéquatement à la question : qui sommes nous? C’est-à-dire, une occurrence au thème important de notre identité.
– Même si l’ouverture du système éducatif national permet à des nombreux secteurs populaires d’accéder aux services éducatifs, la communauté noire a été l’une des plus tardives à intégrer ce processus du fait de la discrimination raciale et de genre et de la situation socio économique. Sans oublier que l’accès de la population afropéruvienne aux écoles a été liée au processus d’urbanisation et à celui de la migration campagne-ville.
Puisque nos écoles ne jouent pas un rôle remarquable dans la formation d’une image positive de la population afropéruvienne, ce n’est pas assez que des générations d’enfants et de jeunes noir étudient dans les écoles s’ils continuent d’y apprendre qu’ils ne font pas partie de notre histoire si ce n’est en tant qu’esclaves.
Il s’agit donc là d’un problème qui va au-delà de la simple présence des enfants noirs à l’école; c’est le problème du contenu de ce qu’on leur enseigne à leur propre sujet et de la manière dont une société n’a toujours pas pu les intégrer ni au curriculum ni à son histoire de manière positive.