Au Cameroun, les enseignants ont de plus en plus maille à partir avec les autorités pour leurs opinions ou enseignements jugés hostiles aux dirigeants. Suite aux multiples humiliations dont ils sont sujets dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions, le Collectif des Enseignants Indignés du Cameroun (CEIC) avait déclaré la journée du 29 janvier 2020 « No chalk day ».
Jacques Bessala Ngono, président du Collectif des enseignants Indignés du Cameroun (CEIC), avait appelé à la mobilisation générale à Yaoundé, de tous les collègues enseignants, le jeudi 30 janvier 2020, dans le cadre des obsèques de Njomi Tchakounte. Le collectif avait invité à cet effet, les enseignants à arborer leurs toges ou la tenue de la journée mondiale de l’enseignant.
Pour Jacques Bessala Ngono, « l’enseignant camerounais est frustré dans son administration, où les affectations et les nominations ne sont pas toujours équitables, ou après avoir passé 15 ans dans un établissement, on nomme au-dessus de lui des responsables sortis de l’école il y a deux ans. Il est frustré par la Fonction publique, qui le tourne en bourrique pendant des années après la sortie de l’école pour régulariser son statut, il est frustré par le ministère des Finances, où il doit faire le pied de grue, donner des pots-de-vin pour faire avancer son dossier et toucher son rappel », dénonce-t-il.
« Pendant ce temps, son camarade de lycée qui est entrée à l’ENAM (Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature) perçoit déjà un salaire étant à l’école, et est intégré directement à la sortie, son solde régularisé (…). Il est aussi frustré par les parents d’élèves qui le menacent pour avoir osé parler à leurs enfants pour les redresser, il est insulté par ces élèves qui lui rappellent qu’il ne vaut rien comparé à leurs parents de magistrat, hommes d’affaires et autre », déplore le président du CEIC.
« En plus de cela on veut faire d’eux les domestiques des sous-préfets. Ce n’est rien d’autre que du mépris, parce que le proviseur dispose d’autres moyens pour faire plaisir au sous-préfet. Dans les programmes scolaires il y a encore le travail manuel, il pouvait prendre des dispositions pour que des élèves fassent ce travail dans le cadre de ces cours. Cela aurait l’avantage d’habituer ces élèves ne serait-ce que pour une heure ou deux à l’environnement champêtre qu’ils évitent de plus en plus de nos jours ».
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase
Ceci fait suite aux multiples cas d’agressions d’enseignants dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions notamment : la bastonnade d’un surveillant général par un commandant de brigade au lycée bilingue de Mayo-Oulo, région du Nord, en novembre 2018 ; la bastonnade d’une enseignante par un parent d’élève dans une salle de classe à l’école publique du garage militaire de Bafoussam, région de l’Ouest, en septembre 2019 ; l’humiliation et la garde à vue non justifiée d’un enseignant du lycée bilingue d’Avebe Asse, région du Sud, par ordre du sous-préfet en septembre 2019. Agressions de toutes natures.
La bastonnade d’un censeur et d’un surveillant général par un gendarme au lycée bilingue de Bonassama région du Littoral, en novembre 2019 ; l’humiliation, l’arrestation et la garde à vue non justifiée d’un enseignant du lycée bilingue d’Ayos, région du Centre par le sous-préfet d’Ayos, le 22 janvier 2020 et l’assassinat du professeur de Mathématiques Njomi Tchakounté par son élève au lycée classique de Nkolbisson, région du Centre le 14 janvier 2020.