Editorial de Sir Jean-Pierrot MAHI : « le chaos libyen est une construction de la Communauté internationale ».


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Jean PIerrot MAHI

Le chaos Libyen :
Une construction de la communauté internationale

par Sir. Jean Pierrot Mahi  Président de la fondation We Are Africa

Comment imaginer à voir la Libye d’aujourd’hui que cela est l’œuvre pensée, improvisée, porteuse de grands malheurs pour un peuple Libyen qui ne rêvait pas de tels lendemain, y compris les révolutionnaires aujourd’hui désabusés ?

Cela est bel et bien l’œuvre d’un certain nombre de puissances dominantes converties en forces du mal pour le plus grand malheur de ce pays socle de la stabilité du continent et d’un équilibre global et nécessaire qui n’avait nul besoin d’un tel chaos.

Le moyen orient est coutumier de ces conflits aux influences externes, multiples et malsaines, mais l’extraordinaire collusion d’intérêts à courte vue et la médiocrité du moment des dirigeants notamment en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis en plus de leurs états supplétifs restent à ce jour déconcertante.

Comment imaginer une telle confusion dans la défense d’intérêts flous dans un cadre volontairement atomisé par des grandes puissances converties à une vision de cyclope et à l’instrumentalisation systématique des forces de l’alliance atlantique au service d’objectifs travestis et souvent porteurs de malheurs pour les peuples ?

Le peuple Libyen est un exemple qui nous interpelle. La notion de forces du mal n’a jamais connu un tel effet boomerang.

La communauté internationale du fait de dirigeants sans envergure et porteurs d’intérêts contestables a accouché d’un état de délabrement et de désordre sans pareil en Libye.

Les responsables devront être entendus et probablement pour certains jugés.

Je pense à la France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et sans doute d’autres.

Il ne peut plus être acceptable que ce crime ultime reste sans suites, ce qui serait un très mauvais présage dans un contexte où la justice internationale à double vitesse et à tête chercheuse est devenue la règle au détriment des nations intermédiaires et des plus petites d’entre elles.

Dans cette colonisation programmée de ressources par le biais du chaos, les cartes pour un meilleur équilibre devront être rabattues.

Les Institutions Africaines devront sans doute trouver des voies et moyens pour être plus audibles afin de mieux préserver les intérêts du continent dans une mondialisation sauvage.

L’heure des comptes a sonné mais revenons un instant sur le détail de la situation. Les dirigeants responsables de ce chaos devront rendre des comptes.

La Libye, jadis prospère, fière et respectée, est aujourd’hui dans un état de délabrement  politique, socio-économique et culturel, qui n’a pas de nom. La communauté internationale composée majoritairement des pays européens, des États-Unis, de certains pays Asiatiques, Arabes et Africains dont la traîtrise est avérée, l’a plongée dans les abîmes de la désolation.

L’argument savamment construit par les pays européens avec à leur tête le très corrompu Nicolas Sarkozy, manipulateur lui-même manipulé par un cercle aux ordres, qui affirmait en 2011,  « Aujourd’hui, nous intervenons en Libye sur mandat du Conseil de sécurité de l’ONU,  nous le faisons pour protéger la population civile de la folie meurtrière d’un régime, qui, en assassinant son propre peuple a perdu toute légitimité. La France est décidée à assumer son rôle devant l’Histoire. »  Les médias internationaux, CNN, ALJEZERA, BFM… vont pousser le monde à croire à cette mascarade meurtrière.

Une semaine après ces allégations, nous nous sommes rendus en compagnie du Directeur Adjoint de la rédaction de France-Soir, Monsieur Patrick Menet, à Tajoura, ville libyenne où aurait eu lieu des meurtres. Nous avons noté après enquête et audition de témoins, que ce n’était qu’un vulgaire montage médiatique: l’armée Libyenne Kadhafiste n’a jamais tirée sur son peuple. Mais nous ne pensions alors pas, que derrière la zone d’interdiction aérienne demandée, un agenda caché managé par la France et les États-unis entraînerait l’assassinat horrible du Guide MUAMMAR AL KADHAFI, véritable héros de l’Afrique contemporaine; et la déstabilisation totale de la Libye.

La soi-disant révolution s’est transformée en guerre civile et en l’absence de tradition étatique classique, d’une armée centralisée pouvant assurer l’unité nationale par la force, d’une véritable société civile et de partis politiques structurés, les rivalités et les dynamiques claniques et tribales, très fortes en Libye, ont ressurgi et le pays est devenu un non-État .

Les différents procès intentés aux anciens kadhafistes montrent à quel point la communauté internationale navigue à vau-l’eau dans le dossier libyen.
Seif al Islam Kadhafi, les collaborateurs du Guide et les membres de la révolution al Fateh ne sauraient être poursuivi par la cour pénale internationale, pour une guerre crée par le conseil de sécurité des Nations-Unies et des crimes qu’ils n’ont pas commis, mais plutôt subit.

Écarter les Kadhafistes du processus de paix, de réconciliation et les élections en Libye, serait une erreur fatale à la stabilisation du pays, ils sont les seuls capable de mettre hors d’État de nuire les velléités des intégristes de faire de la Libye un état islamiste.

Dans ces conditions, une nouvelle période de transition d’au-moins 24 mois s’impose avec un exécutif provisoire soutenu par une assemblée consultative constituée des chefs de tribus et des représentants des partis politiques et de la société civile. Il est impératif de reconstruire l’État, de désarmer les milices, de finaliser le processus constitutionnel, de définir le régime politique et subséquemment la loi électorale, de relancer l’activité économique…

Un certains nombre de personnalités : Mohamed Sherif,  Bashir Saleh Bashir, Mohamed Said Ghashat, Mohamed Hassan Barghathi, Fathi Bashagha, Abdussalem Nassyia … en tandem ancien et nouveau regime, pourraient prétendre à présider cette transition, en organisant des élections crédibles et reconnues par tous. La communauté internationale doit se rappeler de l’Iraq, Afganistan… pour ne pas refaire les mêmes erreurs.

Toute autre solution, comme celle soutenue par les États-unis, qui consisterait à faire voter les Libyens à la va-vite ou qui consisterait à organiser un Congrès dont on attendrait une solution miracle serait contre-productive. De plus, elle aggraverait la crise et hypothéquerait pour longtemps toute réelle transition démocratique. L’OTAN et la communauté internationale, qui ont joué un rôle déterminant dans la fin du régime de Kadhafi, ont le devoir de prendre la vraie mesure de la crise et d’y apporter des réponses appropriées. Elles doivent le faire de manière inclusive en tenant compte de toutes les sensibilités politique libyennes.

La Libye est actuellement sous le contrôle des milices, qui vivent de différents trafics : pétrole, drogues,  gaz, êtres humains…etc, sous l’œil bienveillant des grandes puissances. Depuis le départ de Kadhafi le pays n’a plus connu la paix et la stabilité.

Un proverbe africain dit : la main qui allume le feu ne sait pas l’éteindre. Le bourreau n’aide jamais la victime…  La communauté internationale ne saurait être médiatrice dans un conflit qu’elle a créé.  Une seule option s’offre à elle, celle de soutenir les organisations continentales (Union africaine, Ligue arabe) dans la gestion de ce dossier.

Les populations d’Afrique et du monde Arabe attendent toujours le mea culpa des grandes puissances ayant participé à cette guerre. Le retour de la dépouille de Kadhafi ou la publication de l’endroit exact où il a été enterré, font partie de ces attentes.

Pour clore ce dossier qui met à mal la crédibilité  du Conseil de Sécurité des Nations Unies, il est indispensable que cette organisation intègre des réformes pertinentes, qui sont désormais incontournables dans l’intérêt de l’Afrique et d’un nécessaire équilibre dans la représentation des différentes zones géographiques au sein dudit Conseil : en attribuant immédiatement 2 sièges de membres permanents avec droit de véto au continent africain.

Dans ce contexte, les nouveaux membres permanents seront investis des mêmes prérogatives que les anciens y compris pour le droit de véto. La solution hybride qui intègrerait les membres permanents dotés du droit de véto et d’autres sans celui-ci est évidemment à proscrire.

Seules ces réformes de fond des juridictions internationales et des institutions en profondeur avec la prise en compte d’un équilibre et d’une égalité de traitement notamment en ce qui concerne l’Afrique forment le préalable absolu pour redonner une chance aux pays Africains de voir leurs intérêts préservés et d’éviter la stratégie du chaos générée par la loi du plus fort des grandes puissances, toujours à l’abri des sanctions et d’un contrôle efficace des dérives dont elles sont coutûmières.

C’est l’enjeu de ce 21ème siècle : l’ultime décolonisation !

Sir. Jean Pierrot Mahi

Président de la fondation We Are Africa

E-mail : chairman@weareafricafoundation.net

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