Amours de villes, villes africaines est un recueil de textes coédité par Dapper littérature et les éditions Fest’Africa. Huit cris d’amour et de rage mêlés pour les villes d’Afrique. Huit récits inédits à dévorer.
Un voyage » à dos des mots » dans les méandres de huit villes africaines. Des cités qui se mettent à jour sous la plume d’écrivains qui les racontent avec tendresse, humour ou rage. C’est Amours de villes, villes africaines, un recueil de textes coédité par Dapper littérature et les éditions Fest’Africa. Une plongée dans le coeur de Cotonou, Conakry, Saint-Louis ou Alger. » L’idée était de mettre ensemble des villes du Nord et du Sud du Sahara « , explique Alain Ricard du musée Dapper.
Qui poursuit : » Dans ce recueil, on peut faire un parcours géographique à travers les ports (six villes sur les huit traitées en possèdent un), un parcours de mémoire, de souvenir, un parcours de la ville comme personne, un parcours des personnes de la ville « . Dans ce recueil, les écrivains se font architectes, pour reprendre les mots de Nocky Djedanoum, directeur de Fest’Africa. » Car les mots aussi sont de précieux matériaux de construction de la langue « .
Cotonou la maudite
On découvre avec délectation le Cotonou de Florent Couao-Zotti, » ville de démesure et d’insolite, terre de passage et d’accueil » à la » nonchalance légendaire « . » Cité de l’épouvante, mais aussi terre de malédiction » depuis que le dernier souverain du Danxomen, Gbèhanzin, aurait lancé du bateau qui l’exilait vers Fort-de-France : » Ce pays est maudit. Il ne connaîtra que la haine et la division « . Ainsi, aujourd’hui encore, les Cotonois expliquent certains coups du sort par la prononciation de ces mots terribles. » Pourquoi Matthieu Kérékou (l’actuel président du Bénin, ndlr) s’est-il maintenu au pouvoir, alors que 99% des Béninois ne voulaient pas de lui ? Les gens disent que c’est parce que Gbèhanzin les a maudits « , explique Florent Couao-Zotti.
Certains sont très durs avec leur ville. Conakry est une » cité fantôme » pour Tierno Monemembo, un » scandale écologique (…) un scandale tout court « , installée sur une » petite terre timide (…) trouée comme du gruyère et plate comme une crêpe « . Un lieu » bruyant et vide » où » seuls y trouvent leur compte les bannis et les despotes : aux premiers, les cabanes et les immondices, aux seconds, les palais quelconques et tapageurs « .
Texte posthume
Nostalgique, Boualem Sansal qui crie son amour pour Alger, » Européenne jusqu’au bout des ongles, arabe dans l’âme, berbère dans le sang, africaine dans ses rêves houleux comme un troupeau de buffles en rut « , mais qui ne lui trouve plus d’âme aujourd’hui et la compare à » une gare désaffectée, une maison vide, une cellule de prison « . Lomé vu par Kangni Alem est » stupeur, fracas et démesure « . Son personnage traverse un » bidonville à ciel ouvert « , des » eaux putrides, aux miasmes inconcevables même pour les plus vicieux des parfumeurs « , longe des ruines et des boulevards mal éclairés qui côtoient » des poches de richesse aussi insolentes « .
D’autres sont plus cléments avec la cité de leur coeur. Ludovic Emane Obiang qui a donné la parole aux gens du peuple de Libreville, à ceux qui peuplent les matitis. Monique Ilboudo qui personnalise Ouagadougou avec humour et délicatesse et dont le texte est » un hommage aux Ouagalais et Ouagalaises, à leur créativité et combativité « , explique-t-elle. Boubacar Boris Diop qui réapprivoise Saint-Louis du Sénégal. Entre amour et haine, les textes sont passionnés et mettent à jour les paradoxes des villes chéries, à l’instar de » Yaoundé, capitale sans eau où il pleut sans cesse « . Un texte de Mongo Béti, qui passait sous les presses d’imprimerie au moment où l’écrivain, lui, passait de » l’autre côté « .
» Les mots qui nous racontent et content ces villes ont l’épaisseur et la doublure de l’oignon. N’ayez pas peur du piquant. Epluchez toujours, jusqu’au coeur de Lomé ou de Libreville « , encourage Nocky Djedanoum. Bientôt, viendront Niamey ou Abidjan. D’autres villes, d’autres écrivains. D’autres coups de coeur.
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